samedi 22 septembre 2018

N'y a-t-il que des opinions ? Résumé


Résumé

« Tous les goûts sont dans la nature », « ça dépend de chacun », « à chacun sa vérité », « ce n’est que mon opinion » : tant d’expressions signifiant qu’il y a une multitude d’opinions différentes, parfois contradictoires cad ne pouvant coexister. C’est donc un premier fait : il y a des opinions cad des propositions qu’on croit vraies sans avoir toujours de justification, cad de preuve de sa véracité. L’opinion suppose une adhésion du sujet qui croit dans cette idée. Les opinions sont subjectives cad qu’elles dépendent du sujet qui les énonce (#objectives, qui dépend de l’objet et ce sur quoi différents sujets peuvent se mettre d’accord), contingentes car elles pourraient être autres dans un contexte historique social ou culturel différent (#nécessaires : qui est toujours ainsi, ne peut pas être autrement) et relatives au sujet qui les énonce (#absolues, ne dépendant d’aucun référentiel) : les opinions sont des avis formés sur notre expérience personnelle.

« N’y a-t-il que des opinions ? » est une formulation radicale qui pousse à l’extrême ce seul fait qu’il y a des opinions : y a-t-il autre chose qu’elles ? On connaît cependant un certain nombre de vérités, mathématiques, factuelles, qu’on ne remet pas en question. Mais comment être sûr que ce sont bien des vérités ? Comment être sûr qu’il y a autre chose que des opinions subjectives sur le monde ? Parfois on croit posséder une vérité mais ce n’est que notre avis personnel, ce dont on ne se rend pas compte. En sciences mais aussi en morale on peut se rendre compte que ce qu’on croyait vrai et valable universellement était une erreur (le géocentrisme) ou une norme sociale contingente (la place des femmes dans la société).
=> Ce sujet invite à se demander si autre chose que des opinions (la vérité) existe et si on peut la connaître et la distinguer de l’opinion : Comment être sûr que ce qu’on croit vrai n’est pas qu’une opinion masquée ?

I.                Il n’y a que des opinions : les difficultés de la position affirmative (sophistique) et sceptique

A)    Il n’y a que des opinions car il n’y a pas de vérité absolue : les sophistes

Texte 1
But du Théétète : définition de la science pour savoir ce qu’on peut connaître (cad ce sur quoi il est possible de former et posséder un ensemble de vérités) et enseigner (cad transmettre des vérités à autrui).
Théétète et Protagoras sont des sophistes, cad ceux qui prétendent avoir la sagesse. Pour Protagoras, « l’homme est la mesure de toutes choses » : il n’y a pas de vent froid absolu, pour celui qui frissonne le vent est froid, pour l’autre qui le tolère il n’est que tiède. Il n’y a qu’une sensation de froid qui dépend du sujet qui le ressent et de ses capacités de sensation.
=> La science ne peut donc être rien d’autre que l’ensemble des jugements que chaque sujet porte sur les choses.
=>  Pb : pourquoi les sophistes enseignent-ils alors, s’il n’y a rien d’absolu à connaître et qui vaudrait pour tous ?
=>  Parmi la diversité d’opinions, les sophistes cherchent à faire triompher la leur en persuadant leur public, cad en faisant appel à leurs sentiments pour les amener à être d’accord avec eux (#convaincre : faire appel à leur raison). Les sophistes ne sont pas relativistes (= penser que toutes les opinions ont la même valeur et qu’on ne peut en trouver une plus vraie ou meilleure qu’une autre), ils pensent qu’il n’y a que des opinions mais ils cherchent à faire triompher la leur, qu’ils pensent la meilleure. Mais sur quoi se fonde cette hiérarchie entre les opinions ? Il semble bien qu’il faille un critère pour distinguer certaines opinions qui semblent plus vraies que d’autres (Texte 3 : toutes les opinions contradictoires ne peuvent être toutes justes).

B)    Il n’y a que des opinions car on ne peut connaître la vérité : les sceptiques

Texte 2
Sceptique : celui qui doute de tout, cad remet en cause la vérité de chaque affirmation. Il prend toujours des cas limites (ex du tas de sable dont on ôte les grains de sable un par un : quand n’est-il plus un tas de sable ?) pour montrer qu’on ne peut se fier à rien et que les sens nous trompent sans cesse. Il vaut mieux suspendre notre jugement plutôt que d’affirmer une idée fausse, qui risque de nous amener à mal nous conduire. Le but du sceptique est pratique : l’ataraxie, cad ne pas être troublé par ses opinions. En évitant d’affirmer quoi que ce soit, le sceptique évite l’erreur et les souffrances comme l’inquiétude. C’est donc une thèse de suspension du jugement, cad éviter d’affirmer quelque chose, par précaution, pour éviter d’éventuelles conséquences négatives.
=>  Pour le sceptique il n’y a que des opinions car on ne peut jamais être sûr qu’il y a de la vérité et les reconnaître comme des opinions permet de ne pas les prendre, à tort, pour des vérités.
=>  Pb :
o    Dire qu’il ne faut établir aucun dogme car rien n’est sûr c’est déjà affirmer un premier principe de connaissance et de pratique.
o    Les sceptiques continuent de vivre, de marcher, de faire la cuisine, de lacer leurs spartiates : ils possèdent un savoir-faire nécessaire à leur survie. Ils prétendent ne rien connaître, ils n’ont donc pas de savoir théorique (= savoir propositionnel qu’on peut démontrer et exposer) mais ils ont bien un savoir pratique (= savoir-faire, accumulé d’expériences) qu’ils utilisent et qu’ils croient certain.

Pb de ces deux positions : dire qu’il n’y a que des opinions c’est déjà prétendre énoncer une vérité : n’y a-t-il alors qu’une seule vérité, celle qu’il n’y en a pas ? Ou plutôt distingue-t-on mal ce qui peut être de l’ordre de la vérité et de l’ordre de l’opinion ?  Texte 3 : il semble bien que parmi les opinions différentes et contradictoires, certaines soient plus vraies que d’autres. Si on me dit que l’homme est un poisson qui vit en eau douce, je sais bien que c’est faux. Il semble donc qu’il y a bien une norme du vrai avec laquelle on évalue nos opinions et il faut comprendre comment la trouver et comment l’utiliser pour distinguer nos opinions.


II.              Chercher la vérité par-delà les diverses opinions : la philosophie socratique

C’est contre cette multiplicité d’opinions que la philosophie socratique s’est construite comme la recherche de la vérité, en la distinguant de l’opinion. (!!! Le scepticisme est un courant philosophique qui apparaît après Socrate !!! Le plan de la dissertation n’est jamais chronologique, mais logique, selon l’ordre des arguments.)
Le philosophe est celui qui aime la sagesse mais ne la possède pas, il la cherche, alors que le sophiste prétend la posséder. Il est critique car il cherche à distinguer les opinions de la vérité. La première vérité pour Socrate est la conscience de l’ignorance : je sais que je ne sais rien, cad je sais que tout ce que je croyais savoir n’était qu’opinions, mais que je peux trouver un savoir par-delà ces opinions.
Socrate procède par le dialogue : il questionne son adversaire sur ses opinions. Il utilise l’ironie cad feindre l’ignorance en posant des questions aux sophistes pour mettre en évidence leurs incohérences. Le dialogue est un exercice maïeutique (= art de faire accoucher les esprits de la vérité).

Texte 4
Socrate distingue la philosophie de la rhétorique (l’art oratoire, l’art de parler) : le but de la rhétorique est de persuader, elle produit de la croyance et elle utilise des attaques personnelles contre ses adversaires, alors que la philosophie cherche à produire du savoir, à convaincre en utilisant des arguments.
=>  On voit alors que la philosophie est une quête, une méthode de connaissance plutôt qu’une connaissance particulière : il s’agit de mettre en question les évidences partagées par tous, les préjugés (= opinions qui n’ont pas été examinées et mises en doute).

Texte 5 : allégorie de la caverne
Les hommes enchaînés ne voient que des ombres, produites par les sophistes pour les tromper. Il faut qu’un homme soit libéré pour qu’il prenne conscience de son erreur et pour qu’il cherche la vérité, hors de la caverne. La libération est douloureuse, aveuglante. Quand l’homme redescend dans la caverne, les autres hommes, restés dans l’illusion, le haïssent et le tuent.
=>  Les opinions sont un obstacle à la recherche de la vérité : il faut tenter de les dépasser, de s’en extraire pour trouver la vérité, qui est totalement différente de l’opinion. Savoir, c’est dépasser les apparences pour saisir l’essence d’une chose (=cad ce qui est propre à une chose, ce sans quoi elle n’est plus cette chose), qui n’est pas accessible immédiatement. Les apparences sensibles sont trompeuses alors que la réalité intelligible du monde des idées est rationnelle.
=>  La vérité existe donc bien et on peut la distinguer de l’opinion : elle est objective, absolue, universelle, médiate (suite à la critique des préjugés).
=>  Pb : Socrate reconnaît qu’il n’y a parfois pas de vérité sur certains sujets ou que le dialogue n’y parvient pas : ce sont les dialogues aporétiques cad qui rencontrent une aporie (=difficulté à résoudre un problème). Que faire ? Retombe-t-on dans la position sceptique du doute ? Ou dans les premières opinions ?

III.             Savoir distinguer opinion et vérité : méthode d’analyse qui permet de vivre avec les opinions

Par-delà l’acquisition précise de savoirs, c’est la méthode pour distinguer les opinions des vérités qui compte : méthode qui remet en question les évidences, se questionne, pour ne pas prendre abusivement une opinion pour une vérité. Les opinions sont nécessaires à la vie, individuelle et collective, mais il faut les reconnaître comme telles, pour ne pas les confondre avec des vérités.

Texte 7
Pour aller à Larisse, l’opinion vraie (idée non justifiée, intuitive mais par hasard vraie) et la science (connaissance justifiée) permettent toutes deux de bien agir cad d’atteindre le but fixé. Mais l’opinion vraie n’offre aucune garantie qu’elle fonctionne toujours, car elle est hasardeuse. La science permet d’enchaîner les opinions vraies en trouvant un lien logique nécessaire entre les idées.

Texte 8
Les opinions communes partagées par tout un corps social sont utiles pour lier la société car les individus qui forment une société n’ont pas le temps de vérifier toutes leurs opinions, et ces opinions communes partagées forment un terreau idéologique commun qui façonne la société.
Mais pb du texte de Tocqueville : comment évaluer les bonnes ou les mauvaises opinions dogmatiques ? Les fake news, les théories du complot, les idéologies racistes sont-elles des opinions dogmatiques qu’il serait bon de tolérer ? On peut légitimement adopter un regard critique pour distinguer les bonnes des mauvaises opinions dogmatiques : une mauvaise opinion dogmatique pourrait être celle qui n’est que l’opinion d’une majorité, qui exclut la minorité de sa vision du monde et qui cherche à s’imposer par la force (ex : racisme, nazisme).

Ce qui compte c’est bien plutôt la méthode critique d’analyse qui remet en question ce qui semble accepté de tous. Circonscrire ce qui est de l’ordre de l’opinion et de la vérité c’est déjà se questionner et ne pas retomber à un usage naïf des opinions. Quand on a conscience que ce n’est « que notre opinion », on est moins dogmatique, on ne cherche pas à l’imposer aux autres. Ce qui compte c’est donc ce travail d’esprit critique, qui questionne ce qui est souvent pris pour évident. Le philosophe continue de se questionner et accepte de remettre en question ses idées.

=>  Il n’y a donc pas que des opinions, on peut chercher la vérité par-delà la multitude d’opinions, mais on ne peut toujours trouver uniquement des vérités et éradiquer les opinions : il faut donc apprendre à vivre avec certaines opinions, en sachant les distinguer des vérités.



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