mardi 12 février 2019

Conseils pour être au top pour l’épreuve de philo



La veille d’un devoir, on relit toutes ses copies, ce qu’on a écrit (ça remémore le cours) et les appréciations pour relire les bons passages et pour éviter de refaire les mêmes erreurs.

Le traitement du sujet et le développement

-       Les étapes importantes :
o   Questionnez bien le sujet (qu’est-ce que ça signifie de dire que le travail est naturel à l’homme ? Quels sens peut-on donner à naturel ? Pourquoi se poser cette question ?)
o   Définissez tous vos mots philosophiques importants (cad)
o   Justifiez vos affirmations (car)
o   Illustrez votre propos (par ex). Attention, pensez bien à détailler les arguments philosophiques avant les exemples, car parfois vous vous focalisez sur des exemples et vous oubliez toute analyse philosophique.
-       Il faut que vos trois parties répondent explicitement au sujet (oui, le travail est naturel à l’homme car ..., mais certaines formes de travail semblent non naturelles...). Si vous vous apprêtez à écrire « on verra l’immensité de la technique» ou « on verra l’importance de la vérité » (qui sont des formules vagues) c’est que votre partie ne répond pas au sujet : reprenez vos idées pour les formuler comme des arguments précis au sujet. Vous avez parfois du mal à faire une 3ème partie : considérez-la comme une partie où vous tirez les conséquences des problèmes précédents (qu’est-ce qu’on fait si les théories scientifiques changent historiques, qu’est-ce qu’on fait si le monde de la technique semble déshumanisant ?) et ou vous réfléchissez à des solutions pour répondre à ces nouveaux problèmes. Donc, dès votre introduction et l’annonce de plan on voit si vous traitez ou non le sujet. L’annonce de plan en introduction vous permet de construire votre conclusion : votre annonce de plan, au passé.
-       L’épreuve de philosophie au bac reste une épreuve où on évalue vos connaissances : quand vous évoquez un argument important (vous n’êtes pas obligé de ressortir tout votre cours dans votre devoir) il faut le développer (vous ne pouvez pas parler en une ligne du travail aliéné ou des paradigmes scientifiques, vous devez détailler les arguments, prendre le temps de les décortiquer et de les exemplifier) et il faut citer les titres des ouvrages des philosophes sur lesquels vous vous appuyez.

L’organisation du devoir

-       Introduisez et concluez chaque partie : dans cette partie on va voir que / dans cette partie on a vu que, mais il semble que ce problème surgit, donc on va voir ça dans une autre partie. Soignez vos transitions, qui sont le moment où vous réinterrogez le sujet : est-ce que cette conception de la liberté est suffisante ? Est-ce qu’il n’y a pas tel aspect qui est important aussi ?
-       Présentez bien votre copie : au sein de chaque partie, faites des alinéas pour chaque nouvel argument (deux écueils : enchaîner les phrases à la suite en bloc / sauter des lignes à tout bout de champ). Sauter des lignes seulement entre les grandes parties, vous pouvez mettre des *** pour bien les délimiter.


jeudi 7 février 2019

Peut-on juger les autres cultures ?


Eléments d’introduction

Peut-on :
-        Possibilité épistémologique, est-ce qu’on peut émettre des jugements, descriptifs ou normatifs, sur d’autres cultures, et à quelles conditions ?
-        Possibilité morale et juridique : a-t-on le droit et la légitimité d’émettre des jugements, descriptifs ou normatifs, sur d’autres cultures, et à quelles conditions ?

Juger :
-        Juger moralement : distinguer des pratiques culturelles bonnes ou mauvaises, voire établir une hiérarchie entre les cultures.
-        Juger épistémologiquement : analyser une situation à l’aune d’un principe

Les autres cultures :
Cultures : ensembles de manières d’être, de pensées, d’habitudes, de productions d’une société. Chaque groupe humain possède ses éléments de cultures (coutumes, lois, arts, croyances, rites) qui fondent son identité et qui forment des systèmes symboliques susceptibles d’être étudiés par les anthropologues ou sociologues.
-        A un temps historique donné : les cultures d’autres pays, d’autres mœurs que les nôtres, avec lesquelles nous cohabitons
-        Dans un temps historique différent : les cultures de sociétés passées, que ce soit celle de nos ancêtres ou d’autres pays

=>  On se demande s’il est possible et moral de porter un jugement, épistémologique ou moral, sur des cultures autres que celle à laquelle nous appartenons. Cette altérité fait voir une difficulté : de quel droit pourrions-nous porter un jugement, descriptif ou normatif, sur une forme culturelle autre que celle à laquelle nous appartenons ? Notre appartenance culturelle serait-elle meilleure, ce qui légitimerait notre critique ?


I.                Le relativisme culturel : on ne peut hiérarchiser les cultures

Première idée qui vient : relativisme culturel, cad l’idée qu’il ne faut pas juger les cultures différentes des nôtres car ces différences ne sont que contingentes et d’indiquent rien d’essentiel sur l’homme, qui reste le même quelles que soient sa langue, ses mythes, ses religions.
Levi-Strauss : « c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie ». (Race et histoire, 1952).
Attitude de rejet de la différence est propre à tous les peuples (= attitude ethnocentriste), mais on peut s’empêcher de faire ce rejet ethnocentriste, en acceptant la diversité culturelle, qui est un phénomène naturel, dû à la diversité des conditions de vie des hommes sur Terre. Il ne faut pas hiérarchiser les pratiques culturelles, mais il faut comprendre les logiques internes à chaque culture : Levi-Strauss a analysé les mythes de certains peuples pour rendre compte de la logique de la pensée sauvage, qui est tout aussi logique que la pensée occidentale.

Ce relativisme culturel se fonde sur l’impossibilité de fonder la critique culturelle : De quel point de vue et au nom de quelles valeurs, prétendument universelles, pourrait-on émettre un jugement, descriptif ou critique, sur une autre culture ? Comment fonder la légitimité d’un jugement sur une autre culture que la nôtre ? N’est-ce pas toujours une culture particulière qui juge une autre culture particulière ? De quel droit une culture pourrait en juger une autre ?

Pb : cette idée de tolérance semble facile à accepter en théorie, mais peut-on vraiment s’abstenir de toute condamnation morale sur des faits qui semblent intrinsèquement choquants, car ils nient les droits de l’homme par exemple ? Le jugement moral mais aussi politique ou juridique peut sembler nécessaire parfois. Ex de l’excision ou de la Shoah : condamnation morale et juridique des crimes contre l’humanité revient à dire qu’il y a des valeurs universelles qui doivent être respectées par toutes les cultures.
Peut-on vraiment se passer, moralement et épistémologiquement, de tout jugement sur les autres cultures que les nôtres ?

II.              Les difficultés du relativisme culturel : retrouver un universel ?

Suffit-il de dire qu’on ne peut émettre de jugement sur les autres cultures ? Quelles conséquences cette impossibilité de jugement a-t-elle ? On se trouve face à deux difficultés :
-        Certaines condamnations intuitives au nom de principes universels, comme les droits de l’homme, sont empêchées : si on est relativiste, peut-on accepter qu’une population massacre ses enfants, parce que c’est sa tradition ? Peut-on accepter l’excision, pratiques effectuées sur des jeunes femmes sans leur consentement, et donc bafouant les droits de l’homme, pour le simple fait de la tradition ?
-        La critique sociale et politique : c’est au nom d’un idéal anthropologique universel que les philosophes peuvent critiquer une situation d’une culture à un moment donné (More, Rousseau, Marx). C’est cette critique qui permet d’envisager de reconfigurer autrement le monde social. Si More, Rousseau ou Marx n’avaient pas jugé la société de leur temps, ils n’auraient pas dessiné de pistes politiques d’amélioration. L’observateur extérieur qui juge de la situation permet de critiquer une organisation sociale : Lettres persanes, Montesquieu

Si on veut juger, on ne juge pas d’après des critères ethnocentristes (par référence à nos propres valeurs) mais d’après des critères universels, qui valent au nom de l’humanité. Pb : Comment fonder l’universalité de cet idéal ? Comment savoir que ce ne sont pas que des normes particulières qui sont érigées en valeurs universelles pour les imposer abusivement à des peuples qui n’ont rien demandé (colonisation) ?

Il faut bien pouvoir fonder la critique, mais ça se fait par référence à un universel. Deux types d’universel :
-        Le sentiment : Rousseau, pitié naturelle, voix naturelle de la morale
-        La raison : Kant (déontologie, faire son devoir, ce qui est dicté par des principes rationnels) et les utilitaristes Mill Bentham (utilitarisme, calculer le bien en fonction des conséquences des actes)

Pb :
-        Le sentiment n’est pas naturel et immuable mais varie selon les époques et selon les cultures
-        Raison repose sur des principes non démontrables, apparait universelle alors qu’elle pourrait ne faire que porter des valeurs historiques contingentes (Nietzsche)

=> Aucun critère qui permet de tenir une vraie critique ?

III.             Juger d’après un idéal régulateur d’humanité

Peut-on abandonner toute possibilité de jugement face à ces difficultés ? Jugements moraux dont on peut se passer, mais jugements politiques et juridiques nécessaires.

Plusieurs solutions :

-        Considérer qu’on ne juge pas les cultures elles-mêmes (germaniste, nippone, malgache, hispanique, etc) mais certains faits historiques contingents (l’extermination des Juifs par le IIIème Reich, la collaboration de Vichy, le génocide des Tutsi au Rwanda)

-        Considérer qu’on juge au nom d’un idéal d’humanité qu’on définit en contexte politique : Idéal universel d’humanité comme horizon régulateur (au sens kantien : un idéal que la raison ne peut connaître mais dont elle se sert pour fonctionner) qui sert à réclamer des droits ponctuellement. On ne peut pas connaître cet horizon régulateur mais il fonctionne comme le guide de l’action. Réclamer des droits au nom d’un idéal qu’on ne peut pas fonder universellement, mais qui a des conséquences pratiques car il permet l’obtention de certains droits. Jugements légitimes car ils permettent d’améliorer les conditions de vie de certains groupes sociaux.

-        Juger le décalage entre l’engagement formel et les pratiques : Certains régimes politiques adhèrent formellement, en droit, à certains textes juridiques comme la déclaration des droits de l’homme, mais ne les respectent pas en pratique et la critique vient justement sanctionner cet écart entre le droit et la pratique : ils se sont engagés à les respecter, ils les reconnaissent comme valeurs acceptées, mais ne le font pas effectivement, donc les critiques à leur encontre sont légitimes.


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