samedi 18 mai 2019

Chapitre 9 Résumé : Y a-t-il une morale universelle?


La morale répond à un pb social: la nécessité de règles stables définissant ce qui est bien ou mal en collectivité. Elle définit les devoirs de l’homme.
Le devoir est :
-        Accompli par obligation c'est-à-dire adhésion libre au principe de son action et non par contrainte c'est-à-dire soumission à une règle extérieure non choisie
-        Impératif c'est-à-dire qu’il s’exprime par une proposition ayant la forme d’un commandement.
Universelle = qui vaut pour tous les hommes en tout temps en tout lieu, qui ne dépend pas d’un contexte particulier.

Pb :
-        Paradoxe du sujet : comment peut-il y avoir une morale qui soit universelle ? Ce serait la morale universelle ? Ce sujet suggère que parmi les morales, certaines soient relatives à groupes sociaux ou culturels (on les appelle les mœurs) alors que d’autres pourraient être universelles. Mais comment les distinguer alors ? Il y a bien un intérêt pratique à l’universalité de la morale, mais comment être sûr de l’atteindre ? On se fonde parfois sur la nature humaine ou le droit naturel pour fonder cette universalité mais on a déjà vu à quel point notre conception de la nature humaine pouvait être relative à un contexte.

-        Pb de l’universalité : la morale doit tenir compte de la singularité des cas mais elle doit valoir pour tout homme pour ne pas être seulement un contenu subjectif. La philo veut parler des phénomènes humains dans leur universalité : s’il n’y a jamais de jugements moraux universels, la philo doit-elle abandonner ce sujet à l’anthropologie et la sociologie, qui vont étudier les cas particuliers d’usage des normes au sein d’un groupe ?

I.                La prétention de la morale à l’universalité


3 types de morale, qui ont une prétention à donner des critères pour déterminer le bien dans n’importe quelle situation :

-        Ethique des vertus : Aristote, Anscombe.
Est moral celui qui agit avec vertu, c'est-à-dire un trait de caractère intrinsèquement bon, une qualité morale. Honnêteté, générosité, justice. La vertu s’exprime à travers l’action de l’agent, il faut donc s’exercer à agir de façon vertueuse dans différents contextes. L’exercice de cette vertu produit le bonheur de l’agent, état stable.
Pb : quelles vertus privilégier en cas de conflit entre deux ? Loyauté vis-à-vis d’un ami/Sincérité dans le cas du mensonge pour protéger un ami caché et recherché par la police.

-        Ethique déontologiste : Kant
Est moral celui qui agit selon son devoir et quand son intention est bonne. Faire son devoir est indépendant du bonheur, qui n’est qu’un sentiment qui varie selon les contextes.
Une action est moralement correcte si elle ne viole pas une norme morale.
Universalité de la raison humaine, spécifique aux hommes seulement. L’universalité et la rationalité sont les sources et les fondements légitimes de la morale mais aussi sa direction dans son application : chaque homme doit prendre pour maxime de son action des principes universalisables.
Devoir moral n’est pas un impératif hypothétique (si je veux m’insérer dans ce groupe social je dois faire cela) mais catégorique c'est-à-dire un impératif qui commande à la volonté des individus de façon absolue, inconditionnelle. Quelles que soient les circonstances de mon action et ses conséquences, je dois faire mon devoir, avoir une intention bonne : même si dire la vérité met mon ami que je cache en danger, je dois le faire.
Pb : comment connaître l’intention ?

-        Ethique conséquentialiste : Mill, Bentham
Un acte est moral quand il est utile cad ses conséquences sont bonnes, conséquences qui sont évaluées d’après les plaisirs de l’agent individuel (Bentham) ou les plaisirs du plus grand nombre (Mill)
Pb : comment évaluer les conséquences d’un acte ? Court/Moyen/Long terme ? Plus facile d’évaluer rétrospectivement, une fois une action passée, que d’évaluer les conséquences futures d’un acte.

Bilan des trois systèmes moraux = Imaginons qu'il soit évident que quelqu'un qui a besoin d'aide devrait être aidé. Un utilitariste soulignerait le fait que les conséquences d'une telle action maximiserait le bien-être ; un déontologiste soulignerait le fait que, ce faisant, l'agent agira en accord avec une règle morale telle que « Fais aux autres ce que tu voudrais que l'on te fasse » ; et un tenant d'une éthique de la vertu dirait que le fait d'aider cette personne serait charitable ou bienveillant.

Pb :
-        Pratiques : comment appliquer cette universalité ? Pb dès qu’on cherche ce qu’on met dans ces devoirs.
-        Enjeux : comment être sûr de cette universalité ? La colonisation et l’évangélisation ont été justifiées par l’universalité de la religion chrétienne et du mode de vie occidental. N’y a-t-il pas des dangers à cette universalité ?

II.              Les jugements moraux sont déterminés historiquement et relatifs donc il n’y a pas de morale universelle atemporelle : obéir à la morale, c’est obéir à la tradition.


Critique radicale de Nietzsche : vous croyez que vos actes sont bons par eux-mêmes mais en fait ils n’ont pas de valeur morale intrinsèque, on les fait par obéissance à la tradition, donc aux hommes du passé qui ont décrété qu’il fallait faire ainsi. Comme des moutons, on continue de faire la même chose sans s’interroger sur ces valeurs. Il faut comprendre d’où elles viennent et pourquoi on persiste à les maintenir. Il faut faire une généalogie de notre morale c'est-à-dire s’interroger sur son origine et voir comment elle s’est imposée.
Thèse de Nietzsche d’interprétation de la morale : la morale traditionnelle est une morale faite par les faibles, qui n’avaient pas la force physique et intellectuelle de faire de grandes choses et qui ont interdit moralement aux forts de faire de grandes choses. Si les faibles avaient les moyens d’être intempérants, de se laisser guider par leurs passions, ils le feraient, mais ils ne le peuvent pas et, frustrés, ils empêchent les autres de le faire. Ils ont imposé leurs normes morales pour faire passer leur faiblesse pour une sagesse. Il faut donc renverser les valeurs pour créer une morale des forts, qui ne soient plus asservis par la société.

Texte Feuerbach

Feuerbach critique l’apparent comportement vertueux : on croit agir moralement quand on obéit aux commandements divins, mais ce n’est pas une action morale car on ne réfléchit pas aux actes en eux-mêmes. On y obéit parce qu’ils viennent de Dieu, sans s’interroger sur leur pertinence. Or, il y a plusieurs religions et plusieurs morales, donc chacun obéit aux impératifs moraux de sa religion, sans que certains soient meilleurs que d’autres intrinsèquement.

Pb :
-        Il semble que l’apparence d’universalité des commandements moraux cachent des déterminations historiques qu’une généalogie de la morale peut mettre à jour. Les morales, en tant que systèmes de valeurs produits par les hommes, sont toujours déterminées par des contextes historiques particuliers.
-        N’y a-t-il alors aucune morale universelle ? Faut-il renoncer à cette exigence d’universalité ?


III.             Qu’y a–t-il d’universel dans la morale alors ? La croyance dans l’universalité de nos jugements moraux relatifs

Texte 11 Ayer : nos jugements moraux ne sont que l’expression de sentiments moraux subjectifs

Nos jugements moraux ne sont que l’expression de jugements subjectifs. Quand on exprime un jugement moral, par ex « c’est mal de voler » on ne fait que manifester notre désapprobation personnelle, qu’on aurait pu exprimer autrement, par ex par un ton ou une ponctuation particulière. Cette désapprobation personnelle peut aussi servir à stimuler l’action des autres, par ex on demande à l’enfant de ne pas faire ce qu’on désapprouve. En aucun cas le jugement moral n’implique l’existence de valeurs objectives que tous les humains devraient reconnaître.

Pb : Mais comment ne pas verser dans le relativisme alors, à chacun sa morale, et le nihilisme, rien n’a de sens ?

Texte 12 Mackie : Mais nous avons besoin de croire dans l’objectivité et l’universalité de nos jugements moraux

On a besoin de croire dans l’universalité des valeurs qu’expriment nos jugements moraux, pour qu’elles fassent sens pour nous, pour qu’elles guident efficacement notre action, mais elles ne sont ni objectives ni universelles. Prendre conscience de cette relativité permet de ne pas juger les personnes ayant d’autres valeurs morales que nous, en comprenant qu’une pluralité de valeurs peut exister.

Conclusion

Malgré la prétention de certaines théories morales à donner des critères universels pour guider l’action, elles semblent toujours relatives à un contexte historique donné. Faut-il alors renoncer définitivement à l’universalité ? Nous avons besoin de croire dans l’universalité et l’objectivité de nos jugements moraux, pour la réalisation de notre action, même s’ils sont subjectifs, mais cette croyance nécessaire reste une croyance subjective humaine qui n’implique pas l’universalité des jugements moraux eux-mêmes.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Rechercher dans ce blog

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *