La morale répond à un pb social: la nécessité de
règles stables définissant ce qui est bien ou mal en collectivité. Elle définit
les devoirs de l’homme.
Le devoir est :
-
Accompli
par obligation c'est-à-dire adhésion libre au principe de son action et non par
contrainte c'est-à-dire soumission à une règle extérieure non choisie
-
Impératif
c'est-à-dire qu’il s’exprime par une proposition ayant la forme d’un
commandement.
Universelle = qui vaut pour tous les hommes en tout
temps en tout lieu, qui ne dépend pas d’un contexte particulier.
Pb :
-
Paradoxe
du sujet : comment peut-il y avoir une morale qui soit universelle ?
Ce serait la morale universelle ? Ce sujet suggère que parmi les morales, certaines
soient relatives à groupes sociaux ou culturels (on les appelle les mœurs)
alors que d’autres pourraient être universelles. Mais comment les distinguer
alors ? Il y a bien un intérêt pratique à l’universalité de la morale,
mais comment être sûr de l’atteindre ? On se fonde parfois sur la nature
humaine ou le droit naturel pour fonder cette universalité mais on a déjà vu à
quel point notre conception de la nature humaine pouvait être relative à un
contexte.
-
Pb
de l’universalité : la morale doit tenir compte de la singularité des cas
mais elle doit valoir pour tout homme pour ne pas être seulement un contenu
subjectif. La philo veut parler des phénomènes humains dans leur
universalité : s’il n’y a jamais de jugements moraux universels, la philo
doit-elle abandonner ce sujet à l’anthropologie et la sociologie, qui vont
étudier les cas particuliers d’usage des normes au sein d’un groupe ?
I.
La prétention de la morale à
l’universalité
3 types de morale, qui ont une prétention à donner
des critères pour déterminer le bien dans n’importe quelle situation :
-
Ethique
des vertus : Aristote, Anscombe.
Est moral celui qui agit avec vertu, c'est-à-dire
un trait de caractère intrinsèquement bon, une qualité morale. Honnêteté,
générosité, justice. La vertu s’exprime à travers l’action de l’agent, il faut
donc s’exercer à agir de façon vertueuse dans différents contextes. L’exercice
de cette vertu produit le bonheur de l’agent, état stable.
Pb : quelles vertus privilégier en cas de
conflit entre deux ? Loyauté vis-à-vis d’un ami/Sincérité dans le cas
du mensonge pour protéger un ami caché et recherché par la police.
-
Ethique
déontologiste : Kant
Est moral celui qui agit selon son devoir et quand
son intention est bonne. Faire son devoir est indépendant du bonheur, qui n’est
qu’un sentiment qui varie selon les contextes.
Une action est moralement correcte si elle ne viole
pas une norme morale.
Universalité de la raison humaine, spécifique aux
hommes seulement. L’universalité et la rationalité sont les sources et les
fondements légitimes de la morale mais aussi sa direction dans son
application : chaque homme doit prendre pour maxime de son action des
principes universalisables.
Devoir moral n’est pas un impératif hypothétique
(si je veux m’insérer dans ce groupe social je dois faire cela) mais
catégorique c'est-à-dire un impératif qui commande à la volonté des individus
de façon absolue, inconditionnelle. Quelles que soient les circonstances de mon
action et ses conséquences, je dois faire mon devoir, avoir une intention
bonne : même si dire la vérité met mon ami que je cache en danger, je dois
le faire.
Pb : comment connaître l’intention ?
-
Ethique
conséquentialiste : Mill, Bentham
Un acte est moral quand il est utile cad ses
conséquences sont bonnes, conséquences qui sont évaluées d’après les plaisirs
de l’agent individuel (Bentham) ou les plaisirs du plus grand nombre (Mill)
Pb : comment évaluer les conséquences d’un
acte ? Court/Moyen/Long terme ? Plus facile d’évaluer rétrospectivement,
une fois une action passée, que d’évaluer les conséquences futures d’un acte.
Bilan des trois systèmes moraux = Imaginons qu'il
soit évident que quelqu'un qui a besoin d'aide devrait être aidé. Un
utilitariste soulignerait le fait que les conséquences d'une telle action
maximiserait le bien-être ; un déontologiste soulignerait le fait que, ce
faisant, l'agent agira en accord avec une règle morale telle que « Fais aux
autres ce que tu voudrais que l'on te fasse » ; et un tenant d'une éthique de
la vertu dirait que le fait d'aider cette personne serait charitable ou
bienveillant.
Pb :
-
Pratiques :
comment appliquer cette universalité ? Pb dès qu’on cherche ce qu’on met
dans ces devoirs.
-
Enjeux :
comment être sûr de cette universalité ? La colonisation et
l’évangélisation ont été justifiées par l’universalité de la religion
chrétienne et du mode de vie occidental. N’y a-t-il pas des dangers à cette
universalité ?
II.
Les jugements moraux sont déterminés
historiquement et relatifs donc il n’y a pas de morale universelle
atemporelle : obéir à la morale, c’est obéir à la tradition.
Critique radicale de Nietzsche : vous croyez
que vos actes sont bons par eux-mêmes mais en fait ils n’ont pas de valeur
morale intrinsèque, on les fait par obéissance à la tradition, donc aux hommes
du passé qui ont décrété qu’il fallait faire ainsi. Comme des moutons, on
continue de faire la même chose sans s’interroger sur ces valeurs. Il faut
comprendre d’où elles viennent et pourquoi on persiste à les maintenir. Il faut
faire une généalogie de notre morale c'est-à-dire s’interroger sur son origine
et voir comment elle s’est imposée.
Thèse de Nietzsche d’interprétation de la morale :
la morale traditionnelle est une morale faite par les faibles, qui n’avaient
pas la force physique et intellectuelle de faire de grandes choses et qui ont
interdit moralement aux forts de faire de grandes choses. Si les faibles
avaient les moyens d’être intempérants, de se laisser guider par leurs
passions, ils le feraient, mais ils ne le peuvent pas et, frustrés, ils
empêchent les autres de le faire. Ils ont imposé leurs normes morales pour
faire passer leur faiblesse pour une sagesse. Il faut donc renverser les
valeurs pour créer une morale des forts, qui ne soient plus asservis par la
société.
Texte
Feuerbach
Feuerbach critique l’apparent comportement
vertueux : on croit agir moralement quand on obéit aux commandements
divins, mais ce n’est pas une action morale car on ne réfléchit pas aux actes
en eux-mêmes. On y obéit parce qu’ils viennent de Dieu, sans s’interroger sur
leur pertinence. Or, il y a plusieurs religions et plusieurs morales, donc
chacun obéit aux impératifs moraux de sa religion, sans que certains soient
meilleurs que d’autres intrinsèquement.
Pb :
-
Il
semble que l’apparence d’universalité des commandements moraux cachent des
déterminations historiques qu’une généalogie de la morale peut mettre à jour.
Les morales, en tant que systèmes de valeurs produits par les hommes, sont
toujours déterminées par des contextes historiques particuliers.
-
N’y
a-t-il alors aucune morale universelle ? Faut-il renoncer à cette exigence
d’universalité ?
III.
Qu’y a–t-il d’universel dans
la morale alors ? La croyance dans l’universalité de nos jugements moraux
relatifs
Texte 11 Ayer :
nos jugements moraux ne sont que l’expression de sentiments moraux subjectifs
Nos jugements moraux ne sont que l’expression de
jugements subjectifs. Quand on exprime un jugement moral, par ex « c’est
mal de voler » on ne fait que manifester notre désapprobation personnelle,
qu’on aurait pu exprimer autrement, par ex par un ton ou une ponctuation
particulière. Cette désapprobation personnelle peut aussi servir à stimuler
l’action des autres, par ex on demande à l’enfant de ne pas faire ce qu’on
désapprouve. En aucun cas le jugement moral n’implique l’existence de valeurs
objectives que tous les humains devraient reconnaître.
Pb : Mais comment ne pas verser dans le
relativisme alors, à chacun sa morale, et le nihilisme, rien n’a de sens ?
Texte 12 Mackie :
Mais nous avons besoin de croire dans l’objectivité et l’universalité de nos
jugements moraux
On a besoin de croire dans l’universalité des
valeurs qu’expriment nos jugements moraux, pour qu’elles fassent sens pour
nous, pour qu’elles guident efficacement notre action, mais elles ne sont ni
objectives ni universelles. Prendre conscience de cette relativité permet de ne
pas juger les personnes ayant d’autres valeurs morales que nous, en comprenant
qu’une pluralité de valeurs peut exister.
Conclusion
Malgré la prétention de certaines théories morales
à donner des critères universels pour guider l’action, elles semblent toujours
relatives à un contexte historique donné. Faut-il alors renoncer définitivement
à l’universalité ? Nous avons besoin de croire dans l’universalité et
l’objectivité de nos jugements moraux, pour la réalisation de notre action,
même s’ils sont subjectifs, mais cette croyance nécessaire reste une croyance
subjective humaine qui n’implique pas l’universalité des jugements moraux
eux-mêmes.
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