lundi 5 novembre 2018

Résumé chapitre 2



Introduction

Attention : pourquoi parler de la science au singulier ? Unité de méthode, d’objets, de résultats, de buts ? Unité qui n’est pas du tout évidente.
Chapitre d’épistémologie cad sur les conditions et les formes du savoir : comment la science connait-elle le monde ? Comment construit-elle son savoir ? Comment vérifie-t-elle son savoir ? Comment expose-t-elle son savoir ?

2 façons pour la raison humaine de connaitre :
-        Soit la raison se connaît elle-même : elle connait des idées qu’elle a produites elle-même (idées mathématiques, logiques), sans chercher le rapport à l’expérience, et sur lesquelles elle trouve des vérités de raison, qui sont a priori (= découvertes avant l’expérience). Elle procède par déduction (=opération de la pensée qui permet de conclure de manière nécessaire une proposition à partir d’une ou de plusieurs autres qui la précèdent), notamment dans la démonstration (=procédure qui déduit nécessairement une conclusion d’un ensemble de prémisses). La démonstration implique des éléments non démontrables :
o    Axiome : proposition qu’on ne démontre pas car considérée comme évidente (ex : le tout est plus grand que la partie)
o    Postulat : proposition non démontrable et non évidente qu’on demande d’accepter pour le raisonnement (ex : on peut prolonger indéfiniment une droite).
-        Soit la raison connait ds faits extérieurs à elle-même : elle connait des faits du monde réel, social, biologique qui l’entoure (SN/SH). Elle cherche donc le rapport à l’expérience, y trouve des vérités de fait, qui sont a posteriori (=découvertes après l’expérience). Elle cherche à relier les faits entre eux, à comprendre lesquels sont les causes d’autres. Elle procède notamment par induction (=opération de la pensée qui généralise une loi à partir d’un ensemble de faits particuliers observés). Pb de l’induction : comment être sûr que cette loi générale s’applique vraiment à tous les cas particuliers (comment savoir que le soleil se lèvera demain ? demande Hume).
ð  Mais le raisonnement logique permet d’établir des vérités de fait, et les vérités de fait peuvent donner les prémisses d’une démonstration (ex du syllogisme sur Socrate mortel). Les deux aspects sont à l’oeuvre dans le raisonnement scientifique

Différents types de sciences selon leur objet et leur scientificité :
-        Sciences formelles : maths, logique = sciences de la raison. Validité des résultats dépend de la validité des raisonnements
-        Sciences expérimentales : SN/SH = science des faits. Validité des résultats dépend de l’adéquation avec l’expérience observée (astronomie) ou créée (physique, psychologie, sociologie)

A.      Le savoir scientifique provient-il de l’expérience ? Démonstration, théorie et expérience

Le savoir scientifique est-il le résultat d’une accumulation de découvertes, ou d’une accumulation de théories ? L’expérience suffit-elle à fonder et à justifier une connaissance ? Qu’est-ce qui garantit la véracité d’un savoir scientifique : la conformité avec l’expérience, la démonstration, l’adéquation avec une thèse pré-existante ?
Pb : la science est en rupture avec l’expérience sensible ordinaire (le Soleil semble tourner autour de la Terre) mais en même temps elle se fonde dessus pour confirmer ses savoirs (Galilée prévoit les mouvements des astres). La science semble donc avoir un rapport à l’expérience qui n’est pas celui d’une simple description. Quel est donc ce rapport ?

1)      La science est fondée sur l’expérience, dont elle cherche les lois

Science expérimentale moderne nait avec Bacon, Novum Organum qui privilégie le savoir issu de l’expérience plutôt que les spéculations théoriques abstraites qui ne semblent pas avoir d’assises sur le réel.
Concret : ce qui existe par soi-même réellement
Abstrait : ce qui a été extrait de, par un processus intellectuel

ð  Que fait la science face au réel ?

Texte 1 Comte : la science utilise les observations qui se rattachent à une loi (= proposition qui lient nécessairement deux phénomènes), pour prédire des phénomènes.
Comment établir des lois ?
-        Induction : à partir de cas singuliers qui se répètent à l’identique on tire une loi générale
-        Déduction : à partir d’une loi générale on tire une loi particulière qui s’applique à un ensemble de cas particuliers inclus dans la loi générale.
-        Méthode hypothético-déductive : formuler une hypothèse (=supposition quant à l’existence d’un fait) pour en déduire des conséquences futures ou passées pour tester sa véracité.

Pb de ces méthodes :
-        Pb de l’induction : comment être sûr de bien généraliser ? Comment être sur que l’observation de certains faits permet de savoir ce qui sera toujours ? Pb du passage de l’être, ce qui est actuellement, au devoir-être, ce qui est toujours ainsi.
-        Pb de la déduction : comment trouver les lois générales sur lesquelles se fonde le raisonnement ?

2 objections
-        L’observation est-elle si directe et si simple que Comte le laisse penser ?
L’observation mobilise des instruments scientifiques produits par des connaissances antérieures et des théories qui donnent un sens aux observations particulières. On peut même trouver des théories exactes sans recours à l’observation (ex découverte de la circulation sanguine par Harvey).
Il semble donc qu’il y ait déjà des théories qui façonnent notre rapport à l’expérience et le sens qu’on lui donne. Il n’y a pas d’observation naïve.

-        Comment être sûr qu’il y a des lois à chercher dans la réalité physique, biologique, sociale, économique etc ? Sont-ce les lois de la réalité elle-même ou des théories que l’homme plaque sur la réalité pour la comprendre ?

2)      Mais l’expérience est construite par la théorie scientifique : l’expérimentation teste la théorie

Le savoir scientifique n’est pas seulement une copie de l’expérience ordinaire : la science produit une expérimentation en mettant en place des conditions précises d’expérience, en délimitant un élément à tester à partir de ses théories. L’expérimentation nécessite donc une théorie, cad des savoirs accumulés qu permettent de distinguer des problèmes à affronter et de possibles solutions.
Le scientifique sait donc ce qu’il va chercher quand il fait une expérience : ce n’est pas de la pure passivité, il est guidé par une théorie.

Texte 2 : Bernard distingue l’observateur qui recueille les phénomènes que la nature lui offre, de l’expérimentateur qui modifie les phénomènes naturels. La science n’est donc pas faite d’une simple constatation des faits mais raisonne sur les observations, les compare, produit des faits d’expérimentation.

Texte 3 : Duhem : l’expérience implique une observation mais aussi immédiatement une interprétation des phénomènes observés, interprétation qui se fait à l’aune de théories scientifiques pour donner sens à ce qui est observé (interpréter les données que donnent les instruments scientifiques, ce qu’elles signifie, ce qu’on peut en conclure).
Texte 4 : Bachelard : l’observation même n’est jamais naïve : elle est toujours polémique cad qu’elle répond à une thèse antérieure. L’expérimentation est encore plus polémique car elle fait en sorte que les phénomènes se coulent dans les instruments, dans des théories matérialisées.

ð  L’expérimentation scientifique n’est pas l’expérience ordinaire naïve, mais l’utilisation consciente et volontaire du recours à une expérience maitrisée, qui veut prouver une théorie.
ð  Pb : une expérimentation permet-elle de prouver ou de démontrer une théorie ? Peut-on définitivement prouver une hypothèse par une expérimentation ? Il est parfois difficile d’isoler le facteur testé, notamment en sciences humaines, comme en psycho (effet d’Hawthorne).
ð  Mais alors, la science ne fait-elle que tester des théories sans rien prouver définitivement ?

3)      Paradigmes et révolutions scientifiques : nouveaux critères de vérité et nouvelle conception de la réalité

Texte 5/6 : Popper : la science ne cherche pas à confirmer définitivement des théories quand elle les teste par l’expérience, mais à les réfuter. Certaines thèses de la théorie doivent pouvoir être en conflit avec l’expérience. Pouvoir être testée par l’expérience = pouvoir être réfutée. Si la théorie ne peut être réfutée, elle est conservée provisoirement : on dit qu’elle est corroborée. Une théorie n’est donc acceptée que provisoirement, sans garantie d’être toujours valable dans plusieurs siècles. Une théorie n’est donc pas définitivement acceptée
3 étapes de la méthode de Popper :
-        Est-ce que la théorie a une cohérence interne ?
-        Est-ce que la forme logique de la théorie est meilleure que la précédente ?
-        Traduire les conclusions de la théorie en applications empiriques pour la tester

ð  Mais alors, la science passe-t-elle son temps à tester des théories sans être sûre de rien ? Est-on face à un scepticisme scientifique ?

Texte 7/8 Kuhn : Non les scientifiques ont aussi leurs croyances qu’ils ne remettent pas en question tous les jours. Kuhn distingue trois temps scientifiques
-        Science normale = un paradigme cad un ensemble des théories, expériences, problèmes scientifiques, instruments, est utilisé tous les jours par les scientifiques.
-        Crise : la science normale n’arrive plus à expliquer certains phénomènes, elle produit des anomalies théoriques qui ne correspondent pas à l’expérience
-        Révolution scientifique : pour résoudre les problèmes de la science normale, on change de paradigme pour mieux expliquer les phénomènes qui posent problème.

ð  Une théorie scientifique peut donc être dépassée si on en trouve une qui explique mieux la réalité. Le savoir scientifique n’est donc pas une simple accumulation de connaissances mais un ensemble de mutations, de transformations radicales parfois qui impliquent un renouvellement complet du système d’explication (par ex le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme).
ð  La science ne produit pas de vérité stable, définitive, mais un ensemble de savoirs en mutation. Popper : « la science est une maison sur pilotis ». La vérité peut être définitive au sein d’un paradigme mais celui-ci peut être remis en question. Le réel n’est toujours atteint que par des théories qui orientent notre façon de l’expliquer : on n’atteint jamais directement le réel, il est plutôt l’horizon de nos théories.


B.      Les sciences humaines sont-elles des sciences ?

1)      Les sciences humaines n’utilisent pas les mêmes méthodes que les sciences dites naturelles : compréhension vs explication

Texte 1 Dilthey
Les SN expliquent les phénomènes cad donnent les causes nécessaires et objectives des phénomènes. Les SN cherchent les lois générales qui rendent toujours raison d’un phénomène donné.
Les SH utilise les données issues des représentations humaines : la sociologie et l’histoire utilisent les représentations des actions des individus, la psychologie et la sociologie cherchent les motifs de leurs actions. Les hommes donnent un sens à leur action, ils savent pourquoi ils agissent ainsi : ils ont des motifs, cad des raisons personnelles d’agir. Les SH cherchent à comprendre ces motifs, subjectifs, particuliers, cad à saisir le sens que les hommes donnent à leurs actes.

Expliquer = chercher les causes => méthode hypothético-déductive
Comprendre = chercher le sens => interprétation.
Mais les deux méthodes se mêlent parfois (il y a de l’explication en économie, en psychologie, et il y a de l’interprétation en SN).

2)      Les difficultés épistémologiques des sciences humaines

Texte 2 : Piaget : SN : Objet scientifique est différent que le scientifique (roche, électron)
SH : homme est à la fois l’objet scientifique et le scientifique. L’homme est celui qui observe ou expérimente : il peut être modifié par les phénomènes observés, et il peut modifier les phénomènes (ex effet Hawthorne).
Il peut être difficile pour le scientifique de se décentrer, cad de pouvoir étudier du dehors les phénomènes.
2 pb que pointe Piaget :
-        quand l’observateur est engagé dans les phénomènes, difficile de distinguer le sujet observé/observateur (ex : Rosanvallon)
-        quand l’observateur est engagé il peut croire connaitre les faits qu’il observe et être moins rigoureux dans son approche (ex : Annette Wiener à Kiriwina 45 ans après Malinowski).

3)      Mais ces difficultés ne sont pas propres aux sciences humaines, qui ont leur propre scientificité

Texte 3 : Febvre L’histoire est choix en raison de son objet (les événements passés dont on ne garde pas toutes les traces) et de l’historien qui cherche à résoudre un problème précis. Mais le biologiste et le physicien aussi créent des phénomènes, ils ne sont jamais face à des faits bruts. Le rôle des théories est aussi important en SH qu’en SN.

ð  Quelle scientificité alors ? Contestation interne aux disciplines, redéfinition des concepts, des méthodes, des objets

-        Histoire événementielle qui travaille sur les documents issus des événements passés Langlois Seignobos
-        Histoire des Annales qui travaille sur des phénomènes de très longue durée, s’inspirant de la sociologie et de l’économie Bloch et Febvre
-        Histoire sérielle et quantitative économique et sociale Chaunu


Texte 4 Levi Strauss : ex de scientificité en anthropologie :
-        Objectivité : s’élever au-delà des valeurs de l’observateur pour atteindre une formulation valide pour tous, par de nouveaux concepts
-        Systématicité : chercher un système dont tous les aspects sont organiquement liés pour trouver une forme commune à toutes les sociétés. Par ex, le système de parenté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Rechercher dans ce blog

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *