lundi 3 décembre 2018

Résumé chapitre 3 : Ne suis-je que ce que j'ai conscience d'être ?


Partie 2 : L’homme comme sujet conscient

2 types de conscience :
1) Perception immédiate du monde, donnée par les sens. Conscience perceptive comme condition de relation avec le monde extérieur. Partagée avec les animaux
2) Possibilité de réflexion sur la vie intérieure du sujet, ses sentiments, ses pensées. Conscience réflexive permet de réfléchir sur ce que je suis et ce que je fais, condition pour agir sur moi-même et mon comportement. Réflexivité que n’ont pas les animaux, qui agissent par instinct et conditionnement. L’homme peut réfléchir sur la réalité passée – il mobilise alors la mémoire et ses souvenirs – ou la réalité future – il mobilise alors son imagination et se crée des désirs.
o    Conscience morale : un type de conscience réflexive, qui porte sur les valeurs de mes actes

Avoir conscience = avoir une connaissance. En même temps que j’agis, je sais que j’agis. L’homme a la capacité de savoir ce qu’il fait en même temps qu’il le fait.
Sujet grammatical : celui qui fait l’action. Dire que l’homme est un sujet conscient = dire qu’il est à l’origine de ses pensées, sentiments, actions. Il est actif face aux objets du monde qui sont passifs.
La réflexivité du sujet sur lui-même est la condition de sa liberté car il peut alors réfléchir à ses actions et les choisir. C’est pourquoi on dit que le sujet est responsable de ses actes cad reconnu comme leur auteur, et qu’il doit assumer ce qu’il fait et les conséquences de ses actes.

Chapitre 3 : Ne suis-je que ce que j’ai conscience d’être ?

Introduction

C’est une question en première personne, que le sujet s’adresse à lui-même, sur son identité : qu’est-ce que je suis ? Est-ce que la conscience que j’ai de moi-même, cad la conscience de mes pensées, sentiments et actions, constitue l’intégralité de mon identité ? Ma conscience est limitée : je n’ai pas conscience de tout ce qui se passe autour de moi ou dans mon propre corps. Comment savoir dès lors que la conscience que j’ai de moi-même suffit à connaître mon identité ?
Ma conscience me donne conscience de moi-même toujours à un moment déterminé, alors que ce que je suis perdure dans le temps. La nuit quand je dors je n’ai pas conscience de moi-même, pourtant je reste le même sujet et je me réveille la même personne.
Sujet sous forme restrictive : « ne suis-je » indique que je pourrais être quelque chose de plus que ce dont j’ai conscience, comme si la conscience n’était que la face émergée de l’iceberg qui constitue mon identité, comme si la conscience n’avait accès qu’à une partie de ce que je suis.
Pb : comment savoir ce que je suis si je n’en suis pas conscient ? La conscience est mon mode d’accès et de connaissance des choses : comment puis-je connaître qqc si je n’en suis pas conscient ? Puis-je en devenir conscient ? Ou puis-je le connaître indirectement ?

Enjeux :
-        Identité du sujet : qui suis-je si je ne suis pas seulement ce que j’ai conscience d’être ?
-        Liberté : si je ne maîtrise pas ce que je suis, ne suis-je alors pas libre de mes choix ? Suis-je poussé à agir par des forces que je ne connais pas ?

I.                J’ai conscience d’être ce que je suis : la conscience comme possibilité de réflexion sur soi-même

A)    J’ai conscience d’être une substance pensante : la pensée comme critère d’identité

Texte 1 : DESCARTES, Méditations métaphysiques, 1641 Deuxième méditation
Qui suis-je ? Question que se pose Descartes au cours de son doute méthodique, opération de doute sur toutes ses opinions ayant pour but de refonder la connaissance sur des bases solides. Il faut commencer par comprendre comment fonctionne l’esprit, avant de connaître le monde : la philosophie, qui connaît l’esprit, est ensuite une base pour connaître la physique et la biologie, c’est le tronc de tout l’arbre des savoirs.
MM1 et MM2 : D analyse la réflexion de l’esprit sur lui-même, ce qu’il est capable de savoir par lui-même. Il s’attaque au fond de nos connaissances (préjugés, opinions issues de l’enfance) et aux connaissances sensibles et rationnelles. Il cherche une vérité certaine qui résiste au doute. Le doute est un moyen de trouver la vérité, pas un doute permanent comme celui des sceptiques.
MM1 : doute sur nos connaissances issues des sens car ils peuvent nous tromper + doute sur nos connaissances rationnelles (fiction du malin génie). A la fin, D s’est défait de toutes ses opinions et connaissances.
MM2 : D a douté de tout. Que reste-t-il ? Le sujet qui doute. Ce qui est sûr : il y a de la pensée qui doute. La première vérité est alors « je suis, moi qui pense être qqc ». Le sujet qui doute a la certitude d’exister parce qu’il pense. Cette première vérité est subjective au sens où elle porte sur la pensée du sujet, mais ce n’est pas une opinion car c’est une vérité que chaque sujet peut trouver en faisant l’épreuve du doute.
La pensée = ce qui se passe en nous et dont nous avons conscience, cad qu’on peut réfléchir sur elle et se rendre compte qu’on pense.
Le sujet est alors une chose qui pense. La pensée est plus facile à connaître que le corps et le monde extérieur.
ð  Je suis donc une chose pensante car j’ai conscience de ma pensée. Je peux toujours me reconnaître comme le même sujet pensant à chaque fois que je pense : identité invariable du sujet. C’est la pensée qui fait l’unité du sujet et sa permanence dans le temps
ð  Pb : on peut remettre en question la pensée comme critère de l’identité du sujet. Chaque nuit, je n’ai pas conscience que je pense, pourtant je perdure dans le temps et je me réveille le même. Quand je vieillis, je n’ai plus conscience de mes pensées d’enfance. Faut-il alors toujours une conscience immédiate actuelle de mes pensées pour être le même ?

B)    J’ai conscience d’être une personne : la mémoire comme critère d’identité

Texte 2 : LOCKE, Essai sur l’entendement humain, Livre II, chap. 27, 1689

Locke répond à Descartes : il faut changer le critère d’identité du sujet, cad ce qui fait qu’un sujet se reconnaît comme le même dans le temps. ce n’est pas la pensée car parfois on n’a pas conscience de penser ou on oublie nos pensées. C’est bien plutôt la mémoire cad la capacité réflexive à mobiliser des souvenirs, cad des pensées concernant des faits passés que j’ai vécus. Ce n’est pas la conscience immédiate mais la capacité à remobiliser des pensées passées.
ð  Pour Locke, le sujet n’est pas que de la pensée : c’est un ensemble d’expériences sensibles et rationnelles et leur souvenir. L’homme comme être capable de raison peut, par sa raison, se rappeler ses souvenirs et se considérer comme le même dans le temps.
ð  Pb : Est-ce que la perte de mémoire altère mon identité ?

C)     Problème : Comment être sûr de l’unité de ce que je suis ?

On a parlé jusqu’alors de pensée et de mémoire de façon abstraite, sans se demander ce qu’on y trouve concrètement. Ce qu’on trouve dans notre pensée a-t-il une unité ?

Texte 3 : HUME, Traité de la nature humaine, I, IV, 6, 1740

Hume met en doute l’unité de nos pensées et perceptions. Ce qu’on trouve en nous, ce n’est qu’une diversité de perceptions qui fluctuent sans cesse, sans unité ni permanence. Descartes a affirmé l’idée d’un moi unique et stable. Or je ne fais jamais l’expérience de cette stabilité : j’ai toujours des sensations particulières qui changent.
ð  D’où vient l’idée du moi unifié alors que dans l’expérience il n’y a que des mois particuliers ?
Cette idée du moi unique invariable est une fiction à laquelle nous croyons fortement. Rien n’autorise à penser qu’il existe une telle unité : c’est une croyance et non une connaissance. Notre imagination a tendance à ne pas s’arrêter sur les changements, à attribuer de la permanence aux choses autour de nous : par imitation on attribue de la permanence à notre sujet. Nous imaginons une continuité là où il n’y a que des interruptions.

Texte 4 : NIETZSCHE, La volonté de puissance, §147, 1888
D’où vient cette fiction d’un moi unifié ? De notre langage, qui cause une illusion grammaticale. Descartes n’a pas seulement constaté la pensée, il avait un postulat logique non explicité selon lequel, quand il y a pensée il y a un sujet qui pense. Cela est dû à notre habitude grammaticale d’attribuer un acte à un sujet

Mais alors, n’y a-t-il pas d’unité de ce que je suis ? Kant résoud le problème après Hume. Pb de Hume : comment faire l’expérience de qqc dans le temps si je ne suis jamais le même ? Il faut une permanence du sujet qui relie les sensations entre elles pour en faire une expérience temporelle. Il faut donc un sujet logique qui accompagne toutes nos pensées et expériences : ce sujet les unifie. Ce sujet est un pouvoir, une activité et non un individu empirique qu’on pourrait connaître. C’est donc seulement un pouvoir logique, qui rend possible la connaissance mais sans être objet de connaissance = c’est un sujet transcendantal et non un sujet empirique. Kant maintient donc un sujet permanent mais il n’est pas connaissable (ce n’est donc pas un retour à Descartes). C’est ce qui rend possible la liberté et la responsabilité morale cad reconnaître ses actes comme étant les siens.

ð  Mais ce que nous apprennent Hume et Nietzsche, à c’est à douter de ce dont nous avons immédiatement conscience : parfois on pense avoir conscience de l’unité de notre moi alors que c’est nous qui le présupposons.

ð  Pb : si je peux douter de ce dont j’ai conscience, comment être sûr que la conscience me donne accès à tout ce que je suis ? Est-ce que certains aspects de mon sujet pourraient être masqués à ma conscience ?


II.              Je ne suis pas seulement ce que j’ai conscience d’être : L’inconscient détermine ce que je suis sans que j’en aies conscience

Peut-on être conscience de tout ce qui nous influence ? Inconscient = ce dont je ne suis pas conscient immédiatement mais qui a une forte influence sur moi. 2 types d’inconscient :
-        Ce dont on peut devenir conscient en attirant notre attention dessus : inconscient de fait. Ex : perceptions qu’on n’analyse pas en détail, pensée qu’on ne suit pas jusqu’au bout
-        Ce dont on ne peut jamais être conscient directement, ce pourquoi on l’étudie par des moyens détournés : inconscient qu’étudient les SH en mettant en exergue les structures psychiques et sociales qui influencent notre sujet

A)    Inconscient par manque d’attention : inconscient de fait mais conscient en droit

Texte 5 : LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l’entendement humain, 1704, Préface
Leibniz parle de perceptions tellement petites qu’on n’y prête pas attention. Ce sont des perceptions qui existent bien en nous mais sur lesquelles on ne réfléchit pas donc on ne les remarque pas. Ex mer : on ne distingue pas chaque petite goutte d’eau mais on entend vaguement l’ensemble.
Quand on a l’impression de changer radicalement d’humeur, c’est en fait qu’on n’a pas aperçu les petites perceptions qui nous influencent : pas de rupture mais continuité non aperçue. Nous n’avons pas conscience de tout ce qui occasionne nos pensées et sentiments mais on peut le devenir en réfléchissant sur soi-même, cad en concentrant notre attention sur ce qui nous semble nouveau en nous.
Texte 6 : DESCARTES, Lettre à Chanut du 6 juin 1647
Désir (= aspiration à une chose) pour les femmes louches vient d’un amour pour une fille louche dans l’enfance. Mais depuis qu’il y a réfléchi, il a compris d’où celà lui venait, il a jugé que c’était un défaut et ne s’est plus ému de cela. Quand on ne sait pas pourquoi on aime qqn, c’est peut-être qu’il nous rappelle qqn qu’on a aimé. Descartes nous donne l’exemple d’un désir sur lequel on peut réfléchir pour le comprendre, le maîtriser et le supprimer.
ð  Pb : y a-t-il des choses sur lesquelles on ne peut réfléchir nous-mêmes en première personne ?

B)    Inconscient en droit : je ne peux le connaitre directement

-        L’inconscient de la psychanalyse : les structures psychiques

Texte 7 : FREUD, Une difficulté de la psychanalyse, 1917

Thèse de Freud : le psychique, cad ce qui est de l’ordre de mon activité mentale, ne se réduit pas seulement à la conscience. Je n’ai pas conscience de toute mon activité mentale, qui a pourtant une influence sur moi. Il y a des choses qui se passent en moi sans que j’en sois informé.
Les renseignements que j’ai de ma conscience sont donc incomplets. La psychanalyse critique la conception du moi tout puissant qui serait un souverain absolu, qui aurait toutes les informations sur ce qui se passe en lui et les pleins pouvoirs pour les contrôler.
ð  « Le moi n’est pas le maître dans sa propre maison. »

Texte 8 : FREUD, L’interprétation des rêves, 1900

F découvre l’inconscient, qui est une force dynamique qui m’affecte. Toute la vie psychique est formée par des forces inconscientes : la conscience n’est alors qu’une petite partie du psychique. Tout fait conscient était précédemment inconscient : tous les faits psychiques passent par le stade d’inconscient, et sont filtrés de telle sorte que seulement certains deviennent conscients.

2 théories qui décrivent le psychique :
-        1ère topique 1900’s parle de l’inconscient/le conscient
-        2ème topique 1920’s parle du ça/moi/surmoi

Ca = ensemble des pulsions inconscients qui expriment un certain vécu du corps. Pulsion = tendance qui relève du corps et qui cherche à se satisfaire (concept entre le psychique et le somatique) => principe de plaisir car plaisir de satisfaction. Les pulsions refoulées produisent des souffrances. Principe de réalité contrecarre le principe de plaisir : on ne peut assouvir toutes ses pulsions en raison des interdits moraux sociaux etc. Le moi doit s’adapter à la réalité cad accepter de renoncer à son désir : le moi se forme en contredisant son pp de plaisir par son pp de réalité.
Surmoi = ensemble des interdits intériorisés qui déterminent les expériences permises ou non. Surmoi censure les pulsions du ça pour les empêcher de remonter à la conscience. Le surmoi se forme avec le complexe d’Oedipe dans l’enfance vers 4/5 ans : l’enfant désire l’un de ses parents mais l’autre parent l’empêche de satisfaire ce désir. Ce moment construit le modèle d’affection de l’enfant.
Le moi est le résultat de la confrontation du ça et du surmoi.
Les pulsions sexuelles peuvent aussi être détournées vers d’autres domaines comme l’art, la politique : ce phénomène s’appelle la sublimation.

Mais comment a-t-on pu découvrir l’inconscient si c’est qqc de non accessible à notre conscience ? Il faut interpréter les signes qui manifestent l’inconscient (lapsus, rêve, fantasme) cad reconstituer leur sens, en découvrant les désirs inavoués qui s’y cachent.


Texte 9 :  FREUD, L’interprétation des rêves, 1900
Deux contenus dans le rêve :
-        Contenu manifeste : ce qu’on en retient. Illogique, incohérent pour la conscience
-        Contenu latent qui exprime des désirs inconscients. Ce désir est traduit dans un matériau détourné, il ne se manifeste pas tel quel car il est inavouable. Le rêve opère comme une censure qui transforme ces désirs en matériau acceptable.
Rêve de la patiente révèle le désir de ne pas satisfaire l’amie dont elle est jalouse.

Texte 10 : FREUD, « L’inconscient », in Métapsychologie, 1915

On ne peut expérimenter qu’indirectement l’inconscient : il faut en faire l’hypothèse. L’inconscient est une hypothèse scientifique qui permet d’expliquer certains phénomènes.
-        HP nécessaire car les données de la conscience sont partielles : l’HP de l’inconscient est le seul moyen d’expliquer ce manque + nécessaire car elle concerne la vie quotidienne de tout le monde. Toute psyche humaine est structurée par l’inconscient, pas seulement celle de qq patients.
-        HP utile car permet une pratique thérapeutique qui guérit les malades. HP qui permet de soigner des maladies qu’on n’arrive pas à expliquer sinon.
Comment soigner à partir de cette HP ?
Les symptômes sont le moyen de manifester un conflit psychique. La parole permet d’exprimer le traumatisme, cela le fait revenir à la conscience, lui permettant alors de soigner ce conflit. Avec l’aide du psychanalyste qui pose des questions, la parole du patient le libère du conflit psychique.

ð  Freud nous parle de forces inconscientes agissant dans notre esprit, sans qu’on en ait conscience, mais ce ne sont pas les seules forces qui agissent sur ce que nous sommes : il y a des forces extérieures sociales qui nous déterminent aussi sans qu’on s’en rende compte


-        L’inconscient des sciences humaines : les structures sociales et culturelles

Texte 11 : MARX, Critique de l’économie politique, 1859

La conscience des hommes n’existe pas dans l’absolu, indépendamment de la société dans laquelle ils vivent. Leur conscience, cad leurs idées d’eux-mêmes et du monde, est déterminée par l’état social économique de la société. L’organisation juridique politique religieuse artistique et philosophique du monde s’explique par les rapports de production cad les rapports entre ceux qui possèdent le K et ceux qui possèdent le travail, qui sont en conflit.
ð  La conscience de l’homme n’est jamais absolue mais déterminée par le contexte historique et politique dans lequel il vit.

ð  C’est une idée reprise au XXème par trois courants qui s’intéressent à la conscience déterminée par le contexte social :

-        Le féminisme Texte 12 : BEAUVOIR, Le deuxième sexe, II 1949
« On ne nait pas femme on le devient » = cela ne veut pas dire qu’on a le choix de devenir une femme, mais plutôt que la société impose aux femmes un rôle, les met dans une case, selon l’image qu’elle se fait de la femme. Dès le plus jeune âge, la fille est modelée selon l’image qu’on se fait de la place de la femme en société (on lui donne en jouets des dinettes et poussettes) et les représentations littéraires et historiques qui ne montrent que des hommes en action.
Dès lors qu’elle est modelée ainsi, peut-on dire qu’elle est libre d’être femme au foyer ?

-        Le postcolonialisme  Texte 13 : CESAIRE, Discours sur le colonialisme, 1950
C’est le colon qui a déterminé le rôle du colonisé, après avoir détruit ses conditions d’existence précédentes. Le colonisé vit dans des rapports de domination instauré par le colon. Le colon a réduit toute la culture du colonisé à néant et a réduit le colonisé lui-même à un objet maniable par le colon : chosification. Cette structure politique de domination a déterminé les structures de l’existence des colonisés.

-        La sociologie Texte 14 : BOURDIEU, Le sens pratique, 1980
Chaque classe sociale a des façons de se comporter dans le présent et d’envisager l’avenir, ce qu’il est possible de faire : cela produit des habitus cad un ensemble de possibles organisé selon notre milieu social d’origine et notre histoire personnelle, au sein duquel les individus piochent des façons d’agir et des choix de vie. Ce n’est pas qu’on agit comme des marionnettes mais qu’on pioche parmi ce qui nous semble possible de faire, selon les valeurs, la culture, qui nous ont été transmises.
ð  Ce n’est donc ni une liberté absolue de faire n’importe quoi, ni une détermination stricte de notre avenir, mais une liberté située dans un milieu socioculturel particulier
Bourdieu dévoile ces structures sociales qui nous déterminent pour comprendre comment on est influencé et comment s’en détacher.

ð  Pb : que faire alors ? Est-on toujours déterminé par des forces inaccessibles à ma conscience ? Non car diffuser ses savoirs issus des SH est une façon de comprendre comment on est influencé et comment s’en détacher, car ces forces ne sont pas inaltérables.


III.             Je suis autre chose que ce que j’ai conscience immédiate d’être mais je peux agir sur ces facteurs qui me déterminent : interprétation et autrui

Texte 15 : FREUD, Cinq leçons sur la psychanalyse, 1910

Le but de la psychanalyse est de ramener ce qui est refoulé au plein jour pour que le conflit psychique disparaisse. Soit le malade accepte ce désir et tente de le satisfaire, soit il le dirige vers un autre but (sublimation). « c’est en pleine lumière que l’on triomphe du désir ».
Freud montre bien la possibilité d’action du sujet sur lui-même, dès lors qu’il essaie de comprendre les manifestations de son inconscient. Comment peut alors agir le sujet ?

Texte 16 : RICOEUR, La philosophie de la volonté, 1950

Le sujet peut y arriver avec l’aide d’un psychanalyste, une autre conscience déchiffreuse qui amène l’inconscient de l’autre à un stade conscient. Le psychanalyste est alors serviteur d’une liberté à restaurer, pour que le malade puisse se réconcilier avec son inconscient.

Texte 17 : BOURDIEU, La misère du monde, 1993

Dévoiler toutes ces structures et influences du monde social est le moyen de comprendre les causes sociales des souffrances de certains. Le monde social n’est pas immuable : il peut être transformé et le savoir sociologique est une arme pour transformer la société. « Ce que le monde social a fait, le monde social peut le défaire ». Toute politique du laisser-faire montre le refus d’améliorer la réalité sociale, au détriment de ceux qui en souffrent. C’est par la prise de conscience du fonctionnement du monde social qu’on peut tenter de l’améliorer et de s’émanciper de ces déterminations.

Conclusion

Il y a bien des forces extérieures à moi qui ont un effet sur moi, mais les connaître me donne un savoir utile pour m’en libérer et faire de moi-même ce que je veux.
Nous avons donc remis en cause une certaine conception naïve de la liberté, comme libre-arbitre choisissant entre une infinité de possibles. Il y a beaucoup de facteurs complexes qui agissent derrière un choix, la liberté ce n’est pas la seule conscience de choisir.
Le concept d’habitus de Bourdieu nous montre que, selon notre situation sociale, certains possibles sont face à nous. On pourrait appeler liberté la sensation subjective de faire des choix parmi ces possibles, même si ces possibles ne sont pas infinis. C’est justement la capacité du sujet à réfléchir sur lui-même et à se transformer qui fait la liberté du sujet. La conscience réflexive du sujet sur lui-même, sur ce qu’il fait, permet sa capacité à se projeter dans le temps et à se modeler lui-même.



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