Les exercices de bac en
philosophie sont faits pour évaluer vos qualités de réflexion sur un sujet
précis, vos qualités de raisonnement et d’argumentation, ainsi que vos
connaissances, aussi bien philosophiques que culturelles (littéraires, artistiques, issues des sciences humaines,
sciences naturelles, politiques). N’hésitez pas à commenter des exemples que
vous connaissez bien, issus de votre culture personnelle ou d’expériences de la
vie courante, mais toujours en les rattachant au sujet précis que vous avez à
traiter : ils doivent servir votre argumentation. L’effort pour traiter précisément du sujet, en montrant en quoi il se
distingue des sujets proches et pour y répondre très précisément, est toujours valorisé, alors qu’à l’inverse
l’erreur qui coûte le plus cher est le hors-sujet.
Les exercice de bac en philosophie ne sont pas
-
Des occasions de réciter un
cours ou de montrer votre érudition
-
Des exercices de style
rhétorique, poétique sans critères objectifs d’évaluation, dont l’appréciation
dépendrait des goûts du correcteur
-
Des récitations de lieux
communs ou l’exposition d’opinions personnelles
Face au sujet, qu’il soit de dissertation ou de commentaire, étonnez-vous : pourquoi cette
formulation, pourquoi cet argument de l’auteur ? Quelles auraient pu être
les autres formulations, quels auraient pu être les autres arguments ?
Ensuite il s’agit de
construire soi-même un raisonnement, dans le cadre d’une dissertation, ou de
restituer et commenter le raisonnement d’un auteur, dans le cadre du commentaire. Les deux exercices sont à penser de façon
complémentaire : chaque texte commenté peut être utilisé comme argument
pour une dissertation et chaque réflexion sur un sujet vous apprend à poser et
traiter un problème philosophique, ce que font les auteurs dans les textes à
commenter.
Les devoirs font en moyenne 6 pages au bac mais vous pouvez
faire plus long en devoir maison si vous le souhaitez.
La mise en page doit faciliter la lecture : sautez des
lignes en l’introduction et votre développement, entre les parties de votre
développement et entre votre dernière partie et votre conclusion, pour que le
correcteur sache où vous en êtes. Faites des alinéas quand vous développez un
nouvel argument dans votre développement.
Méthodologie de la dissertation
Qu’est-ce qu’une dissertation ?
La dissertation porte sur un sujet très précis (et non sur un
thème en général) auquel vous devez répondre. Pour cela, vous devez problématiser le sujet, c’est-à-dire montrer en quoi
le sujet pose un problème qu’il est impossible de résoudre rapidement, en
répondant par oui ou par non, mais qui nécessite un raisonnement avec l’examen
de plusieurs arguments et contre-arguments. Il n’y a pas « un seul
problème » par sujet, ne cherchez donc pas LE bon problème, mais tentez de
soulever le problème qui pose le plus de difficultés, qui est le moins aisé à résoudre.
Vous ne serez pas évalué sur la qualité du problème que vous dégagez, mais sur
la qualité de l’analyse par laquelle vous le soulevez et du raisonnement par
lequel vous tenterez de le résoudre.
Cela veut donc dire que l’énoncé du sujet n’est pas le problème
du sujet : pour trouver et formuler un problème, il faut analyser le sujet
et expliciter la contradiction qui semble impossible à résoudre.
Dans votre développement, vous
pouvez analyser certains arguments pour les réfuter ensuite car ils présentent
des failles : ce qui compte est que vous raisonniez, à l’aide d’arguments
et sur les arguments eux-mêmes (leurs prémisses, leurs conditions de validité,
leurs conséquences etc). Ces arguments peuvent s’appuyer sur vos connaissances
philosophiques (distinctions conceptuelles, définitions des notions, thèses et
arguments des auteurs, exemples) et vos connaissances personnelles (arguments
tirés des sciences sociales ou naturelles, exemples tirés de vos connaissances
artistiques, dilemmes posés par des expériences de vie courante etc, qui
peuvent être connus de votre lecteur). La dissertation est donc un exercice argumentatif.
On attend de vous un propos clair, précis dans ses arguments,
cohérent et vraisemblable. Par contre, on ne vous demande par des connaissances érudites
sur un auteur ou un livre, qui n’apportent rien à la compréhension du sujet et
à la résolution du problème (inutile de citer le prénom d’un auteur, ses dates
de naissance ou de mort, sa nationalité, ou la date de parution du livre).
Il s’agit donc d’une démonstration que vous menez, en votre
nom (utilisez le « nous » de politesse), pour convaincre un lecteur, qu’il faut considérer comme un honnête
homme curieux à qui vous devez expliquer clairement toutes les étapes de votre
raisonnement. N’hésitez pas à expliciter ce que vous faites (« nous
allons maintenant analyser la thèse selon laquelle le bonheur ne se réduit pas
au plaisir »). C’est un exercice
pédagogique par lequel vous devez amener votre lecteur à suivre votre
raisonnement.
Le brouillon
Il faut passer au moins un
tiers du temps imparti au brouillon pour trouver et organiser ses idées et
références et pour rédiger l’introduction avant de passer au propre. Pour les
devoirs maison, il faut passer beaucoup plus de temps sur cette phase de
réflexion, pour comprendre comment être efficace dans l’analyse et ensuite être
prêt pour l’exercice en temps limité. Pour
les devoirs en 4h comme au bac, ne vous laissez pas piéger par le temps (ça a
pu vous arriver à l’écrit du bac français) : si vous savez que vous avez
tendance à manquer de temps pour la rédaction du propre, ne passez pas plus
d’une heure trente au brouillon et prenez vraiment le temps de soigner la
rédaction du propre, car c’est ce que lira votre correcteur en définitive, et
non vos supers idées laissées sur le brouillon faute de temps (et impossible de
rendre votre brouillon avec votre propre).
Il y a quatre tâches à effectuer au brouillon :
-
Conceptualisation : il faut analyser
précisément le sujet
-
Problématisation : il faut dégager un noeud
problématique au coeur de la question posée
-
Argumentation : il faut repérer les
grandes réponses possibles à ce noeud problématique et les arguments en faveur
ou défaveur de ces réponses
-
Organisation : il faut construire
un plan pour organiser l’analyse des réponses possibles et de leurs arguments
et contre-arguments
Pour cela, voici quelques
étapes nécessaires :
1) Analyse du type de question
posée par le sujet
Le sujet qui vous est donné
est très précis : il s’agit d’y répondre tout aussi précisément. Changer un mot
change souvent le sens entier de l’énoncé (par exemple « y a-t-il une
vérité définitive ? » n’est pas « la vérité est-elle
définitive ? », « un plaisir fait-il le bonheur ? »
n’est pas « le plaisir fait-il le bonheur ? »). Il est donc important de bien analyser ce
sujet précisément et de comprendre en quoi il est différent des sujets qui
peuvent y ressembler. Vous pouvez réfléchir aux sujets proches du vôtre et
vous demander en quoi le vôtre est spécifique.
Il existe différents types
de sujets :
o
Le sujet sous forme de
question
(ce sont les sujets que vous aurez au bac)
§ Question qui demande une
définition : « qu’est-ce que la vérité ? ». Il faut montrer
que cette question est plus difficile qu’il n’y parait et qu’il est légitime de
se la poser. Il est bon de trouver plusieurs définitions, d’examiner leurs
présupposés et de trouver celle qui est la plus convaincante.
§ Question sur une définition
donnée : « l’art est-il nécessairement beau ? »
« toute vérité est-elle démontrable ? ». Cela présuppose une
définition (« l’art est beau »), qu’il faut identifier, pour
réfléchir à ses présupposés, ses arguments et aux contre-arguments qu’on peut
lui adresser. Il est bon de trouver d’autres définitions alternatives
(« l’art est ce qui est au musée », « l’art est ce qui
représente une culture »)
§ Question descriptive sur un
possible (de fait ou de droit, logique ou moral) : « Peut-on trouver
la vérité sans opinion ? », « Y a-t-il une vérité
définitive ? » Il faut interroger les conditions de cette possibilité
et d’autres branches de l’alternative : s’il est possible de trouver la
vérité sans opinion, alors qu’est-ce que cette vérité ? S’il n’est pas
possible de trouver la vérité sans opinon, alors comment distinguer les deux et
être sûr de ne pas les confondre ?
§ Question normative sur un devoir-être :
Faut-il ? Doit-on ? « Faut-il être heureux ? »
« Doit-on travailler ? ». Il faut se demander dans quel cadre
moral, politique, social, ce genre d’obligation présupposée fait sens, ainsi
que pourquoi et à quelles conditions on pourrait la remettre en question.
§ Question
« Pourquoi ? » : plusieurs aspects du pourquoi :
causalité « par quelles causes », motifs « pour quelles
raisons » finalité « dans quel but »
Les types de sujets suivants ne sont pas ceux qui vous seront
proposés au bac mais plutôt des sujets type concours et prépa.
o
Le sujet notion : « l’ennui »,
« l’artificiel », « le peuple », « l’irréel »,
« la domination » Il faut interroger les définitions courantes de la
notion et tenter de la redéfinir en se demandant ce qui la rend difficile à
conceptualiser, ce qui la rend possible, la fonde, la limite, les enjeux de
l’analyse de cette notion en particulier et les conséquences de choisir une
définition plutôt qu’une autre.
o
Le sujet couple de
notions :
il faut définir ou redéfinir les notions associées par le sujet mais surtout
interroger la conjonction entre les deux (« et », « ou »
généralement).
§ Le « et » peut
être
· un lien cause-conséquence à
interroger : « égalité et démocratie », « expérience et
science »
· une corrélation nécessaire
ou seulement contingence
· une assimilation : les
deux notions reviennent-elles au même ? « République et
démocratie »
· une
opposition « l’être et le néant » : les deux sont-ils
seulement des opposés, ou bien des contraires, ou bien contradictoires (les deux
ne pouvant exister ensemble), peuvent-ils être pensés l’un sans l’autre ?
§ Le « ou » peut
être
· Un lien d’inclusion ou
d’exclusion stricte (« bonheur ou vérité ? » : l’un ne peut
exister en même temps que l’autre, ou bien ils le peuvent, à certaines conditions
· Une équivalence voire une
identité
· Un choix entre les deux
notions
§ Si les notions sont
accolées ensemble, sans conjonction, il faut interroger leur succession
« l’ordre, le nombre, la mesure »
o
Le sujet
« citation » : « carpe diem ». Il faut identifier la
provenance de la citation ou de la référence, les différentes interprétations
possibles puis interroger l’autorité de son inventeur, son apparente évidence,
et le traiter comme un sujet notion à partir du sens qui a été dégagé.
Chaque type de sujet implique déjà des présupposés, des
positions philosophiques depuis lesquelles ces questions font sens, et une
problématique.
Vous pouvez commencer à y réfléchir au brouillon en vous demandant qui pose la
question, selon quelle stratégie, quels intérêts ou objectifs, d'après quelles
sources, pour quels enjeux.
2) Analyse des termes du sujet
-
Définitions minimales des
termes du sujet : ces définitions pourront être critiquées et amendées dans la
suite du devoir, mais il est essentiel de se mettre d’accord sur le sens des
mots qu’on utilise pour se mettre d’accord de ce dont on parle dans le devoir.
Vous pouvez réfléchir à la polysémie des concepts, à son étymologie, mais cela
doit servir votre propos argumentatif. N’hésitez
pas à questionner ces premières définitions évidentes lors de votre devoir,
cela pose souvent des questions philosophiques (« on définit souvent
le bonheur comme un état durable d’absence de douleurs, mais le bonheur
n’est-il que cela ? »)
La dissertation a justement
pour but d’analyser le sens d’une notion dont on se fait une idée trop rapide,
vague ou fausse d’ordinaire, et qu’il vous incombe de redéfinir. Il ne s’agit donc pas, à
ce premier stade du devoir, de clore définitivement votre recherche de la
définition, mais de donner des pistes de travail à creuser pendant votre
devoir.
-
Distinction des synonymes
et antonymes
pour bien comprendre le sens du sujet précis qui vous est donné : la
liberté n’est pas la volonté, la démocratie n’est pas l’égalité. Vos cours vous
seront précieux pour apprendre à distinguer les concepts entre eux.
3) Mise à plat des préjugés,
présupposés et idées courantes sur la question
Ce sont les opinions
spontanées à ce sujet, partagées de tous, mais peu souvent questionnées, qu’il
va falloir justement expliquer, et analyser leurs présupposés, conditions, pour
les combattre et trouver d’autres idées à leur opposer. Demandez-vous pour
quelles raisons on pense d’ordinaire ainsi, aux intérêts souvent défendus, aux
erreurs causées. Examinez leurs défauts, leurs erreurs logiques ou empiriques,
leurs mauvais fondements.
Attention néanmoins à distinguer opinion partagée par tous sans
réflexion et idée réfléchie et défendue par argumentation : vous pouvez très
bien finir par défendre une idée qui peut sembler commune sur un sujet (il n’y
a pas une seule solution à une dissertation, qui serait la seule bonne idée
qu’il faudrait trouver, mais un ensemble de solutions valables, parmi
lesquelles vous sélectionnez la vôtre), mais il faut que vous argumentiez votre
choix.
4) Examen des problèmes et paradoxes de la question
Il
s’agit de saisir le problème central que pose la notion, au niveau de sa
définition, de ses différents sens possibles, des conséquences de son
utilisation morale, politique ou pratique qu’on en fait : il faut
dégager un paradoxe, c’est-à-dire une tension, une opposition entre deux
réponses possibles.
Un problème, ce sont deux
thèses qui semblent nécessairement liées au sujet mais contradictoires
(c’est-à-dire qu’elles ne peuvent être valables en même temps) : « le
bonheur semble être toujours un état durable sans douleurs et pourtant il ne
s’y réduit pas, il semble être plus que cela », « la vérité semble
valoir universellement et pourtant une vérité a été trouvée et démontrée à un
temps historique précis », « l’art semble un artefact déformant de la
réalité et pourtant il est aussi l’occasion de comprendre le réel à nouveaux
frais ».
Dans la dissertation, il va
falloir examiner ces thèses qui semblent irréconciliables pour comprendre
comment les réconcilier ou laquelle faire triompher sur l’autre. Il est donc
impératif de chercher les thèses contradictoires impliquées par le sujet.
5) Examen
des domaines d’application de la question
Quelles branches de la
philosophie sont concernées par cette question
(métaphysique, épistémologie, morale, politique, esthétique, philosophie du
langage, philosophie de l’esprit etc), quels domaines de la vie courante,
quelles sciences (économie, histoire, biologie, mathématiques, logique,
linguistique) ? Différencier les problèmes et les enjeux selon les
domaines. Ce n’est pas grave de ne pas tous les prendre en compte dans le
développement, mais y réfléchir peut vous éviter d’oublier un aspect central du
sujet.
6)
Examen des conséquences de la réponse
à la question : les enjeux
Que
se passe-t-il si on définit le peuple comme entité vivant sur un territoire ou
entité ayant des origines communes ? Que se passe-t-il si on définit le
bonheur comme idéal de vie inaccessible ou état de plaisir ? Cela explique
en général pourquoi la notion est pertinente et selon quels usages.
7) Passage
en revue des arguments, références et exemples
Après avoir construit une
réflexion bien précise sur le sujet en question, réfléchissez aux idées que
vous avez et connaissez pour répondre à la question.
Vous pouvez réexaminer les points précédents d’après les positions des auteurs
connus sur le problème.
Il faut tenter de trouver
un maximum de réponses possibles au sujet, sans se contenter de celles qui sont
évidentes. Il faut que vous formuliez des réponses précises à
chaque fois, sans en rester à une opposition schématique oui/non/ça
dépend : pour cela, creusez le travail de justification en vous demandant
sans cesse « qu’est-ce qui permet de dire cela ? ». Votre cours
vous est utile pour voir comment construire différentes réponses argumentées à
la question posée.
8) Construction du plan
Une fois que vous avez bien
compris votre sujet et que vous avez décidé du problème que vous alliez
traiter, construisez votre plan :
il s’agit du chemin argumentatif par lequel vous allez répondre à votre
problème. Il étudie les arguments de plusieurs thèses, présente des
contre-arguments ou des contre-exemples, prend en compte d’autres options pour
dépasser les insuffisances des premières thèses. Plus vous êtes clair dans
l’organisation de votre plan, plus votre propos est clair et compris par le
correcteur : pour vérifier si vous
savez où vous allez, essayez de synthétiser votre propos en quelques phrases
simples seulement, sans regarder vos notes. Attention cependant à ne pas
mobiliser trop d’idées et de références : il vaut mieux prendre le temps
d’analyser précisément une idée, ses présupposés, ses conséquences, plutôt que
de faire un catalogue d’idées peu développées.
Chaque grande partie doit
être l’examen d’une réponse précise à la question : chaque sous-partie
doit ensuite être un argument ou une étape dans l’argumentation en faveur de la
thèse défendue. Les sous-parties et les parties doivent s’enchaîner par une
progression logique.
Dans chaque partie, indiquez le sens que vous donnez aux
concepts du sujet et les domaines d’application du sujet : le travail d’analyse
conceptuelle ne s’arrête pas au brouillon, il doit être fait tout au long du
devoir. Ne mélangez pas d’idées trop
différentes : il vaut mieux avoir un propos clair, cohérent et qui tient
la route plutôt que des dizaines de références philosophiques peu utilisées.
Il
y a en général deux types de plan, les plans analytiques, qui creusent le champ d'application de la notion à trois
niveaux différents (en justifiant par des transitions entre parties que le
champ qu'on vient d'explorer est intéressant mais manque une facette du
problème, que l'exploration de tel autre domaine va permettre de préciser), et
les plans dialectiques, qui mettent
en jeu une opposition entre parties amenant à une série de dépassement des
compréhensions antérieures de la notion à redéfinir. Un plan dialectique n'est
pas une forme de type « thèse-antithèse-synthèse » dans laquelle il
s'agirait en première partie de dire des idioties et banalités attribuées à la
« doxa » et en lesquelles vous ne croyez absolument pas, avant de les
balayer en deuxième partie, par une critique forcément facile et donc peu
intéressante puisqu'à la mesure de la faiblesse des thèses de la première
partie, et en troisième partie d'esquisser trop rapidement la seule part
positive des thèses de votre devoir. Il
faut que chaque partie affirme quelque chose de vrai sur la notion, dès la
première, sans quoi vous perdez du temps et des pages à exprimer des choses
inintéressantes au lieu de montrer au correcteur que vous avez beaucoup de
bonnes idées en tête ; mais vous devez faire en sorte que la deuxième
partie montre en quelque sorte les incomplétudes de la première, de façon
critique, en affirmant en conséquence un autre sens jusqu'alors inaperçu de la
notion, que la troisième partie ira ensuite approfondir en en tirant les
conséquences.
Il
est évident que la distinction entre plans dialectiques et analytiques est fine
et que les deux s'entremêlent en général : c'est en changeant de niveau
d'application de la notion qu'on trouve en général les ferments critiques de sa
deuxième partie dans la dialectique de son devoir, et c'est parce que des
éléments dialectiques de critiques et de réponses aux critiques montrent les
insuffisances d'un niveau de compréhension de la notion qu'on passe à un autre
dans un plan analytique. Il faut en tout
cas éviter à tout prix de transformer le plan dialectique en une bête et
mécanique forme toute faite, de type « thèse stupide/antithèse facile et
complètement inverse/synthèse enflammée qui s'effondre et s'absorbe dans la
conclusion » ; et de la même façon, il faut éviter de transformer les plans analytiques en plans
doxographiques (simples exposés des doctrines de tel et tel auteur sur la
question, sans liens ni répondant entre les parties) ou encore chronologiques, en essayant simplement de
retracer l'histoire des opinions et thèses sur la question.
9)
Le plan détaillé
Utilisez une page de
brouillon (seulement le recto) par partie pour rédiger votre plan
détaillé : vous aurez ainsi les idées plus claires.
Pour chaque partie,
indiquez :
-
Partie
n° : Idée directrice
o
Formulez
la précisément
o
Vérifiez
que l’idée directrice correspond bien à l’examen d’une réponse à la question du
sujet
o
Indiquez
le statut de votre partie (défense d’une thèse, objection contre une thèse,
défense d’une thèse plus satisfaisante) : vous pouvez l’annoncer lors de
la rédaction.
-
Argument
n° : Argument analysé dans cette sous-partie
o
Formulez
le précisément
o
Indiquez
les concepts et distinctions conceptuelles utilisés, les références théoriques
utilisées, les exemples précis analysés
-
Transition :
Formulez précisément le lien logique avec la partie suivante : reprenez
pour cela l’intitulé du sujet en vous demandant si cette partie a répondu
entièrement au sujet, ou si elle n’a pas mis de côté un aspect central du sujet
et si on ne peut pas envisager un autre point de vue sur la question.
La rédaction
Introduction
Vous
devez la préparer au brouillon pour la rendre efficace, précise et élégante et
ainsi faire une bonne première impression au lecteur. Elle fait généralement
une à deux pages. Son rôle est d’amener
le problème du sujet que vous allez traiter, en définissant les termes du
sujet. Vous devez montrer que votre problème n’est pas une question arbitraire
mais un objet de réflexion digne d’intérêt, dont la réponse a des conséquences.
Vous devez formuler clairement votre problème, ainsi que le plan de votre
devoir, qui est la structure logique que vous allez suivre pour répondre à la
question. Cela implique donc qu’elle
soit rédigée une fois que vous êtes au clair sur le problème que vous allez
traiter (problématique) et sur la façon dont vous allez le traiter (plan), donc
en fin de brouillon. N’oubliez pas qu’un correcteur connait souvent la note
qu’il mettra à la fin de la lecture de l’introduction, car il y juge déjà de
l’analyse du sujet, de la qualité de la problématisation et des possibilités de
réponse.
Elle
comporte en général :
-
Une accroche : elle doit capter l’attention de votre lecteur et amener vers le
problème que vous avez défini. Ce peut être un exemple issu de la vie courante,
de vos connaissances artistiques, des sciences. Attention à ne pas commencer
avec une citation philosophique d’un auteur, que vous n’auriez pas le temps
d’analyser convenablement en introduction, gardez le propos philosophique pour
votre développement. Si vous n’avez pas d’idée, ce n’est pas grave, n’y passez
pas trop de temps, n’utilisez pas d’exemples trop triviaux (la fable du lièvre
et la tortue pour un devoir sur la morale par exemple), et commencez
directement par l’analyse du sujet.
-
Une problématisation :
cela passe par une définition minimale des termes du sujet, en étant attentif à
tous les mots du sujet et à ce qu’ils ne sont pas (« le choix » n’est
pas « la volonté » ou « la liberté »), pour exposer les
idées les plus courantes qu’on se fait à son sujet, avant de pointer les
insuffisances de ces idées et de montrer
que le problème est plus complexe et ne peut être traité rapidement.
-
L’énoncé d’une
problématique qui condense en une
question les paradoxes et obscurités flottant autour du sujet. Elle peut prendre la forme
d’une question conditionnelle (si l’on définit ainsi la notion, que se
passe-t-il dans notre compréhension de cette notion ? ) ou d’une
alternative (la notion x est-elle ceci ou plutôt cela ? Le bonheur
n’est-il que l’absence de douleur ou est-il autre chose ?) ou d’une
question ouverte (est-il possible de considérer que le bonheur n’est que
l’absence de douleur ? Est-il légitime de considérer que le bonheur est un
état de plaisir ?) portant sur une question plutôt descriptive ou plutôt
prescriptive à propos de la notion, ou combinant les deux aspects.
-
L’annonce du plan indique la structure logique de votre devoir : vous devez indiquer le
statut logique des arguments principaux de vos parties et les transitions qui
vous permettent de les enchaîner et justifient que la réflexion se poursuive. Elle
rassure votre correcteur sur le fait que vous savez où vous allez dans votre
devoir et elle lui permet de comprendre rapidement vos arguments.
Le développement
Il vise à écarter les
mauvaises conceptions du sujet ou les mauvaises solutions du problème à résoudre,
et à défendre une thèse positive à chacune de ses étapes, pour améliorer en
clarté, en étendue et en profondeur la compréhension de la question. Il faut au
moins deux parties qui défendent des thèses différentes, sinon il n’y a pas de
discussion de thèses. En général, l'idéal est de se trouver deux adversaires
théoriques forts sur la question, qu'on fera jouer l'un contre l'autre, et dont
on montrera la puissance théorique sans les caricaturer, mais aussi les
limites, afin de creuser sa « troisième voie » propre – voire, si on
le peut, exposer et critiquer la « troisième voie » habituelle sur la
question, et proposer une quatrième voie. Vous avez déjà pu entendre le fameux
« trois parties trois sous-parties » : ne vous inquiétez pas si
vous n’arrivez pas à trouver précisément ces parties, vous serez jugé sur la
qualité de votre argumentation et votre traitement du sujet plutôt que sur la
forme de votre dissertation.
Le
développement doit pour chaque partie commencer par une phrase introductive
résumant la thèse principale de la partie ou la difficulté qu'elle entend
affronter. Puis chaque sous-partie doit exposer une idée principale. Cette idée sera illustrée
si on le peut par un exemple commenté (ne jamais laisser un exemple non
introduit et sans commentaire qui le suit), issu de l'expérience commune, de la
littérature, des sciences ou de la philosophie. Une citation n’a pas de valeur
si elle n’est pas analysée, expliquée et mise en rapport avec le sujet.
L'idée principale de chaque sous-partie peut-être
développée en petits paragraphes avec des retours à la ligne, le but étant
d'être chaque fois très clair sur sa démarche argumentative, ses prémisses et
présupposés, ses preuves, les conséquences qu'on en tire, et les enjeux de
notre réponse. Chaque fois qu'une idée a été affirmée, appuyée par des preuves
et sources et qu'on en a tiré les conséquences, on montre qu'elle n'a pas
encore répondu à l'entièreté de notre problème et on passe à une autre idée par
une transition qui montre le lien logique entre les deux idées et ce que la
nouvelle idée apporte à la précédente. Il ne faut ni se répéter, ni se lancer
dans des digressions hors du sujet, ni faire des phrases trop longues ou trop
obscures dans lesquelles on se perdrait ; votre écriture doit être portée
par un idéal pédagogique de clarté et de précision, dans la réflexion comme
dans les références citées. Si vous avez l'impression de dire une banalité, un
lieu commun irréfléchi, arrêtez-vous et changez d'orientation. Vous devez être
conscient des présupposés de votre discours, et du cadre conceptuel sur lequel
il repose. Exprimez-le dans votre copie, la lucidité est toujours appréciée.
Reprenez
régulièrement l’intitulé de votre sujet au cours de votre développement, pour
ne pas le perdre de vue en cours de développement et pour montrer, à chaque
étape de votre argumentation, en quoi et comment vous répondez à tel aspect du
sujet. Cela vous permet aussi de relancer votre développement en soulevant les
questions qui restent non résolues : vous pouvez ainsi exposer, dans vos
transitions, les aspects que vous allez traiter ensuite.
Comment utiliser les
auteurs ? En théorie il n’est pas obligatoire de faire usage des auteurs
mais en pratique vos connaissances des doctrines peuvent être utiles pour comprendre
le sujet et penser aux thèses formulées pour y répondre. Vous ne devez pas
exposer des doctrines comme sur une fiche wikipedia : vous devez les
utiliser dans votre argumentation pour répondre précisément à votre sujet, en
utilisant leurs définitions ou leurs arguments. Les auteurs servent donc votre argumentation personnelle mais attention
à ne pas vous en servir pour dire des banalités : vous devez rendre compte
précisément de leur propos. Quand vous les utilisez, vous citez
explicitement leur nom et si possible le livre où ils développent l’idée que
vous reprenez.
Quels exemples utiliser ? Il faut qu’ils
soient potentiellement connus de tous, appartenant à la culture classique que
vous pouvez supposer connue de votre lecteur. Ainsi, les exemples contemporains,
musicaux, littéraires ou cinématographiques sont à éviter car ils risquent de
ne pas être connus de votre correcteur. Pensez plutôt à réutiliser ce que vous
avez pu lire en cours de français, d’histoire, de sciences économiques et
sociales, de langues vivantes, à vos cours de biologie, de physique et de
mathématiques, etc.
La conclusion
La conclusion n'est pas la
suite de votre troisième partie, ni son extension. Elle doit être un bilan sous
forme de reprise de la question posée en introduction et de récapitulation
concise mais systématique de notre réponse à cette question et des étapes par
lesquelles nous sommes passés pour y répondre. On ne peut ajouter de nouvelle
idée non développée dans le devoir au sein de la conclusion : la
conclusion conclut, c’est-à-dire ferme le devoir, n’essayez pas de faire une
« ouverture » pleine de suspens. Pour
cela, reformulez le problème de l’introduction et le plan que vous avez suivi
pour y répondre : ça vous fait ainsi gagner du temps car, pour la rédiger
vous n’avez besoin que de reprendre votre introduction, où vous avez déjà
énoncé votre problématique et votre plan, et ça donne une dernière impression
de clarté à votre correcteur.
***
Méthodologie du commentaire de texte
Qu’est-ce qu’un commentaire de texte ?
Philosopher
consiste en large partie à lire, comprendre et commenter des textes issus de la
philosophie. L’explication de texte philosophique est l’analyse interne
d’un texte de philosophie dont il s’agit de suivre et de comprendre la
structure argumentative, la problématique et la réponse proposée. L’exercice
devient commentaire de texte, quand à l’analyse interne du texte,
s’ajoutent la connaissance érudite de l’histoire du texte, de l’auteur et de
ses interlocuteurs, ainsi que des éléments de nuance ou de critique qui
superposent un niveau complémentaire à la réflexion de l’auteur. Attention à la
paraphrase : vous ne devez pas répéter le texte mais vous devez expliquer
pourquoi ce texte est ainsi.
On
attend une lecture suivie du texte,
et l’explication doit donc être linéaire et non composée : il faut
suivre l’ordre argumentatif du texte, qui se déploie en général en deux ou
trois mouvements qui seront les parties de votre travail, dont vous indiquez le
découpage précis, entourées d’une introduction et d’une conclusion.
Contrairement au
commentaire de texte en français, l’ordre est linéaire et non composé, et vous
n’avez pas à vous focaliser sur le style littéraire de l’auteur (vous pouvez le faire si
c’est pertinent pour l’argumentation, mais ce n’est pas là le coeur de
l’analyse).
Le brouillon
Travaillez précisément sur
le texte en question :
-
Entourez
les indicateurs logiques pour repérer la structure logique du texte
-
Distinguez
les notions utilisées par l’auteur des notions proches qu’on aurait pu utiliser
à la place et se demander pourquoi il utilise celles-ci plutôt que d’autres :
il s’agit du même travail de distinction qu’en dissertation.
-
Identifiez
les adversaires implicites, qui peuvent être visés plus ou moins directement,
et les arguments à leur égard.
Soyez bien au clair sur la caractérisation du texte : objet (de
quoi le texte parle-t-il ?), thèse (quelle idée le texte
défend-il ?), arguments (comment le texte justifie-t-il cette
idée ?), exemples (sur quelles illustrations le texte
s’appuie-t-il ?). Tant que vous ne pouvez répondre clairement et
simplement à ces questions, ne passez pas à la rédaction. Ces questions vous
permettent de vérifier votre compréhension du texte et de relancer votre
analyse : par
exemple, si vous avez un extrait du Ménon de Platon à commenter, où Socrate
définit la recherche et l’apprentissage de la vérité comme
« réminiscence », souvenir des vérités déjà en nous, vous pouvez vous
demander s’il y a encore lieu de parler de « se mettre d’accord sur la
vérité » ou de « à chacun sa vérité » dès lors qu’elles sont
déjà présentes en nous tous, universelles et immuables, sans qu’on puisse les
modifier. Vous pouvez donc utiliser vos
réflexions sur l’objet et la thèse du texte pour mettre en relief la singularité
du propos de l’auteur commenté.
Rédigez votre introduction
au brouillon, pour pouvoir la reprendre avant de passer à la rédaction propre.
Rédaction
-
L’introduction (1 à 2
pages)
1) Une accroche
Concise et élégante, elle
introduit au problème philosophique général qui sera le texte, par un aperçu de
l’historique du débat philosophique dans lequel notre texte s’inscrit, ou par
l’entrée dans le problème via un exemple particulier ou une question. Le but
est d’amener l’extrait que vous allez commenter, par la position rapide d’un
problème philosophique central à l’époque où l’auteur écrit, et d’un débat dans
lequel notre passage va s’insérer, mais si vous ne le connaissez pas
précisément, ce n’est pas grave, introduisez plutôt le problème en général. En
quelques lignes, il faut donner l’impression que le texte ne vous a pas été
donné arbitrairement à commenter.
2)
Une situation de l’extrait
Annoncer que le livre XX
de PhilosopheX permet de réfléchir à ce problème (annoncé en accroche),
et en particulier notre passage en question, qu’on doit autant qu’on le peut
resituer dans la progression de l’œuvre en résumant brièvement ce qui s’est dit
avant lui dans les sections ou chapitres précédents (ou si on ne le sait pas,
le situer du moins dans le corpus général de l’auteur, ou dans la progression
de ses idées si on les connaît).
Ce n’est pas exigé pour le commentaire de texte du
baccalauréat, mais c’est nécessaire en prépa littéraire et à l’université pour
les auteurs que vous avez au programme d’histoire de la philosophie : il
faut que vous vous demandiez en quoi cet extrait est spécial dans l’oeuvre de
votre auteur.
3)
Une exposition du thème du texte et une problématisation
En quelques phrases, dire
de quoi parle globalement l’extrait (objet, thèse, arguments), et quelle
tension interne ou externe l’habite, comment l’auteur défend sa thèse, et quels
paradoxes frappent d’emblée le lecteur : qu’est-ce qui est étonnant dans
la réponse donnée par l’auteur ?
4)
Enjeux
Expliquer les conséquences
importantes que peut avoir la question posée par le texte dans les différents
domaines philosophiques et politiques ou sociétaux touchés (par exemple en
ontologie, cosmologie, métaphysique, en philosophie morale, éthique, politique,
en épistémologie, logique, pédagogie, esthétique, théologie, littérature,
histoire ou sociologie des sciences ou des arts, etc.) et l’importance de sa
compréhension pour l’interprétation de l’œuvre de l’auteur si on le peut.
5)
Problématique
Expliquer précisément
quelle est la tension qui articule le texte, le problème de fond que l’auteur
entend résoudre. On peut le faire de deux manières : soit en explicitant
le problème auquel s’affronte l’auteur ; soit en posant nous-mêmes une
question au texte, avec la distance réflexive supplémentaire qui fait que c’est
à la fois le problème posé par l’auteur et sa manière d’y répondre que nous
devons étudier : par exemple une problématique sur la stratégie
argumentative de l’auteur, une question qui demande si on est obligé
d’envisager le problème sous cet angle et en quoi l’approche de notre auteur
est la seule nécessaire, etc. Il faut en tout cas resserrer le problème en une
phrase qui soit clairement identifiable comme la « problématique ».
6)
Annonce du plan
En une phrase par partie,
annoncer la construction du texte, en précisant à chaque fois quel est l’enjeu
stratégique de la partie, ou l’adversaire théorique contre qui il va s’agir de
lutter. Le but n’est surtout pas de faire une résumé plat du texte, mais d’en
donner la structure logique, en exposant le statut de chaque argument :
là, on a une progression syllogistique, ou une progression par addition ou par
extension ou approfondissement du problème, avec par exemple, une thèse exposée
dans le premier paragraphe, là une antithèse ou la réfutation d’une thèse
adversaire, ou l’anticipation d’une critique et un contre-argument à celle-ci,
ou un argument par l’absurde, ou un passage rhétorique illustrant la conclusion
thétique à venir, etc.
-
Le développement (5 à 10 pages)
Il doit suivre la structure
du texte, généralement divisible en deux ou trois parties.
Les objectifs sont :
1) Annoncer la structure à chaque début de partie
avant d’entrer dans le détail du texte.
2) Faire une analyse
exhaustive :
expliquer chaque phrase ensuite, sans simplement répéter l’idée (paraphrase),
mais en élucidant les concepts délicats par une définition et des distinctions
conceptuelles les opposant aux concepts proches qui pourraient paraître
synonymes mais ne le sont pas. Vous pouvez toujours vous demander pourquoi l’auteur
utilise tel mot plutôt qu’un autre.
3) Illustrer les idées abstraites par
des exemples personnels ou des exemples de l’auteur quand on le peut, et
retrouver l’idée ou le raisonnement derrière les exemples de l’auteur à chaque
fois.
4) Percer la logique du
texte :
Expliquer pourquoi tel mot ou tel argument est utilisé à tel moment du texte et
pas à un autre, en retraçant les chaines logiques de l’extrait, sa progression
argumentative. Expliciter les types d’argument : syllogisme, argument par la cause,
argument par le résultat, argument par analogie, argument par induction ou
déduction, argument d’autorité, argument ad hominem, argument par les avantages
ou les inconvénients, argument par l’absurde, argument par les valeurs,
argument par les faits etc.
Explication des
arguments : pourquoi cet argument plutôt qu’un autre ? En quoi
l’argument est-il convaincant ? L’argument est-il valide, formellement
(sur le plan logique) et matériellement (sur le contenu défendu) ? Quelles
sont les prémisses de l’auteur qui le poussent à défendre cette thèse plutôt
qu’une autre ?
Relier un argument du texte avec tous les
arguments qui vont dans le même sens utilisés par l’auteur autre part dans le
livre, ou dans un autre ouvrage qu’il aurait écrit si vous en connaissez, puis
nuancer en montrant comment par différence, l’argument tel qu’il est exposé
dans l’extrait à commenter est spécifique à ce texte et original dans sa
formulation à cet endroit précis (car il vaut toujours mieux distinguer,
et procéder par différentiation qu’assimiler à la va-vite des idées). Mettre en
avant la cohérence du texte, ou (mais c’est rare) un défaut d’enchainement
logique ou un point laissé obscur.
Soyez très prudent si vous
souhaitez émettre une critique, le texte est en général le résultat de
nombreuses années de travail de la part de l’auteur et il est rare qu’il soit
faible ! Par contre, si vous modalisez votre discours, vous pouvez faire
montre de votre inventivité et de votre imagination et proposer plusieurs
pistes interprétatives dont vous réfuterez certaines, en disant par
exemple : « On pourrait comprendre cet argument ainsi, mais cela
entraînerait l’auteur dans une contradiction à cause de tel élément ; ou
bien on pourrait comprendre la thèse sous une forme un peu moins radicale, en
attribuant tel sens à tel mot, mais là aussi, une difficulté se pose ;
l’auteur doit donc vouloir dire que… ».
5) Elucider la stratégie
argumentative
de chaque partie, voire de chaque phrase : contre quel adversaire
théorique ou réel parle l’auteur ?, à qui appartient le vocabulaire qu’il
emploie (à lui, au langage ordinaire, à tel ou tel auteur qu’il cite
implicitement ou explicitement, etc.) ?, est-ce un argument qui détruit
une idée ou en construit une ?, pourquoi l’auteur a utilisé cette formule,
ce style d’écriture en particulier, pour le défendre, et pas un autre ?,
etc. Vous pouvez ainsi utiliser vos connaissances philosophiques pour concevoir
d’autres thèses que celle défendue par l’auteur et réfléchir à pourquoi il s’en
distingue. Identification des autres thèses possibles sur cet objet : pourquoi
l’auteur défend-il la sienne ? Quelles sont ses raisons ? Soulever les
problèmes restants : y a-t-il une partie de l’objet qui n’est pas envisagée par
l’auteur ? Quelles sont les objections qu’on pourrait lui adresser ?
- La conclusion (une
quinzaine de lignes)
Simple
et efficace, elle doit reprendre la problématique initiale pour annoncer
comment il semble que l’on puisse la résoudre en suivant le raisonnement de
l’auteur et sa stratégie argumentative, et comment la thèse défendue par
l’auteur est représentative de sa pensée et de son style philosophique. Votre
conclusion doit répondre aux questions soulevées en introduction.
Grille d’évaluation dissertation
Critères
globaux
Compréhension du sujet
Problématisation
Construction logique
Utilisation des connaissances
Réflexion personnelle
Expression (orthographe, syntaxe, clarté)
|
Introduction
Accroche
Définition des termes
Problématisation
Formulation du problème
Enjeux
Annonce du plan (structure logique du devoir)
|
Développement
Qualité des arguments (pertinence, clarté,
précision, vraisemblance, enchaînement logique)
Exemples et sources pertinents
Soulever les problèmes restants
Enchaînement logique entre les parties
|
Conclusion
Concision et clarté
Problème récapitulé
Plan récapitulé
|
Grille d’évaluation commentaire de texte
Critères
globaux
Compréhension du texte
Compréhension de la logique du texte :
thèse, arguments, exemples
Explication de l’argument : pourquoi cet
argument ?
Identification des adversaires implicites
Expression (orthographe, syntaxe, clarté)
|
Introduction
Caractérisation du texte : objet (de quoi le
texte parle-t-il ?), thèse (quelle idée le texte défend-il ?),
arguments (comment le texte justifie-t-il cette idée ?), exemples (sur
quelles illustrations le texte s’appuie-t-il ?)
Problématisation : en quoi ce texte
traite-t-il cet objet de façon originale ?
Enjeux : qu’est-ce que ce texte apporte dans
les débats autour de cet objet ?
Annonce du plan linéaire (structure logique du
texte)
|
Développement
Synthèse claire et précise de l’argument
Explicitation de la structure logique de
l’argument : prémisses, thèse, conséquences.
Explication de l’argument :
Explication des exemples
Identification et explication des adversaires
implicites
Enchaînement logique entre les parties
|
Conclusion
Concision et clarté
Caractérisation du texte
et structure logique du texte récapitulées.
|
Barême général de la notation
0 : copie blanche
1 : ne correspond pas à l’exercice
2 à 5 : accumulation de défauts majeurs
6 à 7 : copie descriptive qui parle autour du
sujet, incompréhension du sujet (hors sujet)
8 à 9 : intention de philosopher qui n’aboutit
pas, qui approche le sujet sans le traiter
10 à 12 : analyse et
compréhension du sujet, copie construite
13 à 14 : même chose, avec une bonne
utilisation des connaissances et de la réflexion personnelle
15 et plus : maîtrise de la méthode et
originalité dans la façon de poser et de traiter le problème
Seuils pour la dissertation
Survalorisation
: Culture philosophique bien maîtrisée et intégrée ; Enracinement de la
réflexion dans l'expérience ou la culture du candidat.
0 à 6 : Absence de questionnement philosophique
(copies narratives, descriptives, récitatives) ; Hors-sujet.
7 : Prise en compte du sujet (même très superficiellement
compris, au sens littéral seulement), et éléments épars d'analyse philosophique
(travail d'élucidation des notions du sujet, quelques passages bien argumentés)
mais sans unité du devoir.
10 : Production d'une approche du problème à partir
de la question posée, présence d'une idée directrice et démarche de pensée
organisée autour de cette idée, même si ce n'est pas méthodique.
12 : Démarche de pensée globalement cohérente à
partir du problème clairement formulé et travail des notions adéquat au sujet,
faisant avancer la réflexion.
Seuils pour le texte
Survalorisation
: Mise en perspective du texte (avec d’autres auteurs, d’autres textes de
l’auteur) ; Culture philosophique maîtrisée (texte situé dans la
"tradition philosophique") ; Articulation du problème avec la culture
et l'expérience du candidat ; Définition des notions majeures du texte ;
Synthèse des arguments de l’auteur ; Explication des présupposés,
implications et enjeux du texte.
0 à 6 : Texte prétexte ; Contre-sens non excusable
; Paraphrase narrative sans unité.
7 : Lecture littérale correcte du texte et quelques
éléments épars d'analyse philosophique (analyse de quelques notions, passages
bien argumentés)
10 : Mise à jour et formulation du problème traité
par le texte et de sa thèse, même maladroite et tardive, et organisation du
devoir autour de ce problème. Cohérence d'ensemble du texte plus ou moins
dégagée.
12 : Explicitation claire du problème et
présentation cohérente de la démarche globale de l'auteur (qualité de
l'explicitation du problème et de l'analyse conceptuelle)